La France fut sévère avec le Tour de France du rap proposé par Djaïdani, qui n'a apparemment pas été le "film qui fait aimer la France" promis par l'affiche. On est en effet en droit d'être dans le doute, au début, devant le jeu de confrontation/conciliation très binaire qu'on fait jouer à Sadek et Depardieu, ce dernier servant encore une fois de parfait pont (un peu objetifié tout de même) entre deux cultures.
Mais au-delà des contre-clichés répondant aux clichés dans une guéguerre qui n'avance pas à grand chose, c'est un film qui a un pivot tout autre : la musique. C'est en effet une œuvre très solitaire où très peu de spectateurs se retrouveront, sauf quand elle intervient comme pour chapeauter le tout et rappeler que le but est de récupérer un peu du meilleur de tous les mondes. On ne se sent pas voyager dans un scénario qui finit par faire autre chose qu'un échange de caricatures entre deux mondes opposés.
Si cela ne suffit pas à certains, c'est compréhensible car Djaïdani ne cherche pas à faire mieux que quiconque, et il profite du roue libre relatif du cinéma français pour se laisser bercer de standards. Mais en s'adressant à ces standards, il crée quelque chose de vibrant et d'engageant (faute d'être engagé), qui transpire à chaque seconde l'effort que c'est de regarder réellement de l'autre côté de la barrière, et pas à la manière facile des comédies bon enfant.
Le résultat est condamné à la banalité et à enfoncer des portes ouvertes quand il s'attaque à des codes depuis longtemps devenus rengaines, pourtant c'est une performance pour tous les artistes qu'il a impliqués, où Depardieu mérite plus d'une fois son étiquette de héraut de la culture française. Même si le résultat est loin de m'attirer, il me donne envie de lui accorder au moins ça.
→ Quantième Art