Mia Wasikowska en dresseuse de chameaux et Adam Driver en photographe casse burne font la paire dans ce drame- biopic qui peut sembler être un énième Road Trip pseudo-philosophique comme on en voit de plus en plus depuis la sortie d'Into The Wild. Mais bon, Tracks ne doit souffrir en aucun cas de la comparaison avec l'oeuvre de Sean Penn.
John Curran, mélange habilement fougue d'une jeunesse profondément touchée par le poids d'une société qui les écrase avec toute cette culture ancestrale qui habite la plus grande île du monde. L'Australie de tout son poids, se fait dominer par cette petite blonde et ses chameaux. L’Héroïne, le personnage féminin de Robyn, elle, traîne un lourd fardeau, le poids du deuil qui se fait sentir tout au long du film. Dans ce climat aride et désertique, le film est ponctué de ses souvenirs vagues et oppressants qui guide la jeune dresseuse.
Dans cette quête à l'inconnu , la réalisation s'attarde sur un pays encore peu enclin à un capitalisme affamé. En insufflant toute cette vie dans le parcours de Robyn, on expose l'importance d'une richesse culturelle liée à tout un pays pour rappeler que lorsqu'on voyage, ce n'est pas que fouler une terre mais un monde différent du notre.
On y ajoute la symbolique de la femme solitaire, ponctué par cet ensemble de clichés contre les femmes sur leur capacité à accomplir ce dont seuls les hommes pourraient ou devraient être capables d'accomplir.
On peut dire que Tracks prend toute sa dimension dans sa capacité à raconter des histoires, faites de rencontres et de regards, d'amitiés et de découvertes. Une poésie désertique au service d'une expédition au gout de quête identitaire.
Les décors sublimes, la photographie léchée avec tous ces plans colorés, le film solaire enchaîne lieux et paysages se rapprochant d'une revue de voyage. Cependant loin d'être fade, Curran n'en reste pas qu'à cette forme stylisée mais y rajoute bien cette âme humanisant tout ce no man's land fait de poussière et de respirations saccadées.
Tracks se transforme en histoire assez dingue qui au bout du film nous paraît normal. Une nana et quatre chameaux qui traversent le désert sans savoir ou ils vont. Ça peut sembler être une bonne blague. Ça ressemblerait plus à une fable, celle d'une fille qui n'avait rien à perdre et peut être tout à gagner en cherchant l’inconnu. Nous on y trouve notre compte, dans ce long bal primitif qui nous ramène aux fondamentaux de la vie humaine et terrestre car c'est ce qu'est ce film, un film terrestre.
Pour les amateurs de chameaux