Ce qui marque tout d’abord dans Tracks, c’est la force de caractère de Robyn Davidson. Dès les premiers plans, elle apparait sûre d’elle, expliquant à qui veut l’entendre son projet, perçu comme une entreprise suicidaire. Malgré tous ceux qui tentent de la dissuader, jamais elle ne doutera, et mettra tout en œuvre pour le mener à bien. Un caractère introverti, aimant la solitude et préférant la compagnie des animaux, voilà comment on pourrait la définir, ce qui explique son manque d’enthousiasme quand le photographe Rick Smolan s’imposera un peu trop dans son périple.
Dès que son aventure commence, à partir du moment où elle obtient tous ses dromadaires, la présence humaine est montrée comme importune, principalement en ce qui concerne les journalistes, ou par exemple lorsque ses amis viennent la retrouver dans sa maison en ruine, on entendra d’abord une musique envahissante puis leurs cris ; Robyn ne les a pas encore vu qu’elle se sent déjà accablée par leur présence. En comparaison à elle, leur vitalité apparait comme « trop », alors qu’ils ont un comportement normal finalement, refaisant le monde en parlant fort. A chacune de ses apparitions, Rick est lui aussi précédé par une musique forte ainsi que par le nuage de poussière soulevé par sa voiture, venant rompre la quiétude du voyage de Robyn. Leur rapport évoluera au fur et à mesure qu’il se montre compréhensif et lui laisse l’espace dont elle a besoin. Les seuls êtres dont elle accepte la présence sont les habitants des lieux qu’elle traverse, les aborigènes, envers qui elle fait preuve de beaucoup de respect, et le marginal vivant au milieu du désert, le seul semblant être en mesure de la comprendre. Quelques flashbacks nous éclairent sur le passé de Robyn, mais sans que le lien avec son projet ne soit vraiment explicite, cela permet certes d’ajouter de la profondeur au personnage et peut être d’expliquer son amour des bêtes, mais cela n’apporte rien par rapport au vrai sujet du film, qui est le voyage en lui-même.
Les paysages du désert australien constituent un personnage à part entière, par la manière dont ils sont filmés, l’immensité et les couleurs éclatantes sont mises en valeur par une photographie franchement réussie. La réalité du voyage est bien retranscrite, alternant entre moments de plénitude et déchainement de la nature que Robyn doit affronter, ainsi que ses moments de doute, auxquels tout voyageur a un jour fait face.
Tracks est donc un biopic réussi, porté par le jeu de Mia Wasikowska, ainsi qu’un hommage à une femme forte, portée par ses conviction, et qui prouve que l’aventure est à portée de tous : si avec quatre dromadaires elle a pu traverser le désert , qu’est ce qu’il nous est impossible de faire aujourd’hui avec tous les moyens qu’on a à disposition ?