Irritation game
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Riley, 12 ans, vit le plus beau jour de sa vie : son père (duquel elle est visiblement proche) vient de décrocher des billets pour un concert spécial de son idole, Lady Raven ! Le paternel remarque que un étrange ballet policier autour du stade : un vendeur de t-shirts dans la confidence lui avoue que le concert n’est qu’un prétexte pour capturer un affreux tueur en série surnommé « le Boucher ». Le monsieur commence alors un peu à baliser… en effet, le tueur n’est nul autre que lui-même ! Commence alors un jeu du chat et de la souris pour s’échapper de cette prison musicale sans éveiller les soupçons de sa fille.. !
Commençons par ce qui fâche : Trap souffre d'un scénario abscons qui n'est pas crédible une seconde. La seule idée de coincer un tueur en organisant un concert géant (!) et donc en mettant en danger des milliers de personnes (sachant qu'il en blessera certaines pour faire diversion) est déjà le comble de la connerie, mais la pellicule nous offre une suite de rebondissements tous plus crétins les uns que les autres vers la fin (la femme à l'origine du piège). Les fameux twists de Shyamalan, devenus proverbiaux par leur absurdité…
Le film est clairement composé de deux parties : d'abord, la ferveur du concert, où l'effervescence joyeuse des adolescentes se mêle à l'inquiétude du daron serial killer sentant l'étau se resserrer sur lui. C'est l'occasion pour Shyamalan d'alterner plans serrés aux notes stridentes et moments de pure allégresse entre le papa et sa fille, au son du R'n'B de Lady Raven (en fait la fille de Shyamalan, qui est vraiment chanteuse et chante apparemment ses vraies compositions pas si mauvaises que ça). Se révèle un film à deux visages, comme son protagoniste, bon père de famille le jour et abominable découpeur le soir.
Dans la deuxième partie, on examine clairement le visage sombre, à mesure que Lady Raven développe son plan pour pincer le Boucher. On alterne alors scènes inspirées (la salle de bain) et d'autres qui le sont beaucoup moins, mais Shyamalan réussit le tour de force de nous faire aimer un psychopathe « qui n'est pas entièrement un monstre », un type sans cœur pour ses victimes mais prêt à tout pour sa famille, qui sent sa part d'humanité agoniser à chaque nouvelle victime.
Shyamalan mélange les genres, les émotions et les effets filmiques pour accoucher d'un objet totalement irréel, à l'esthétique unique, très réussi sur certains plans et vraiment raté sur d'autres. Parmi les bons points, notons les acteurs, dont la jeune Ariel Donaghue, impeccable du début jusqu'à la fin. Le résultat, indéfinissable et étrange, garde un propos obscur. Malgré cela, il n'est pas dénué de magnétisme et restera une expérience cinématographique marquante, en tout cas pour moi. C’était en effet mon premier shyamalan, un réalisateur sur lequel j’avais entendu les pires critiques. Pas si mauvais, finalement. On pourrait même dire talentueux, car offrir un film si singulier à partir d’une trame aussi catastrophique, peu de personnes peuvent se vanter d’y arriver.. !
Créée
le 16 sept. 2024
Critique lue 7 fois
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