Qu'est-ce que tu as, monsieur Umberto ? Cette question, adressée naïvement au vieil homme au petit chien, concentre en un instant tout le drame dont De Sica nous parle : l'incompréhension vis-à-vis d'une génération d'anciens travailleurs et de vétérans laissés-pour-compte, retranchés dans une protestation qui restera sans réponse, bref : ceux à qui la révolution sociale ne profitera pas. Ce n'est que justice que celle opérée dans le cinéma par le néoréalisme leur soit dédiée faute d'une autre compensation.
Cet instant sera d'ailleurs loin d'être le seul : que ce soit une main tendue à contrecœur pour quémander l'aumône, les gestes sans cœur des gens de la fourrière ou bien celui d'un chien dont on veut bien croire qu'il se brise, le film a du "cœur" partout.
Acteurs amateurs, Carlo Buttisti et Maria Pia Casilio dépeignent chacun de leur côté une lutte tendre où chaque astuce, chaque geste se réduit presqu'à l'instinct de survie – chose absurde (d'autant plus que c'est à l'égard de personnages attachants) dans une société qui se prétend civilisée. Nous attacher à la simplicité, voilà le credo de De Sica quand il questionne sur la différence entre humilité et humiliation.
→ Quantième Art