Aaaaah! Pour mon premier Melville, j'ai été gâté, mais en même temps, si on suit les codes, c'est limpide comme leur teint (le teint hyalin, merci Kalian):
- les femmes sont blondes. Putes, travelos, ou Catherine Deneuve (voire Simone Valère).
- les hommes sont fatigués, vérolés et laids avec des yeux de bouledogue (Sauf Alain Delon qui lui est beau et grand avec des yeux de cocker). Et portent des impers, donc, pour que ce soit encore plus dur de les distinguer.
Femmes et hommes doivent, impérativement, jouer super mal, en prononçant des phrases (rares) comme si c'était des aphorismes Herbalife. Si le filtre déconne et vire au bleu, c'est le jackpot, mais c'est rare.
Sinon, c'est classique: gendarme et voleur, grande scène de cambriolage, en temps réel s'il-vous-plaît (non-non c'est pas chiant de voir le type retirer les lacets de sa Converse gauche _puis_ de sa Converse droite), et scène de cambriolage dans train! Train électrique et hélico Playmobil, rapport que le budget décor est passé dans le fond de teint (et dans les boucles d'oreille de Catherine Deneuve).
Ah, détail indispensable, le comique de répétition, qu'on n'attendait pas dans ce genre de film: c'est pas le 22 à Asnières, c'est «voiture 8 j'écoute...» en décrochant le téléphone de voiture (en 1972!) suivi d'un « Je vous le passe...» qui n'est pas sans rappeler la Noiraude à l'appareil. Mais on n'ose pas rire, Delon a l'air trop préoccupé.