Précédé d'une polémique ridicule, « Un français » entend aborder l'évolution de l'extrême droite sur une trentaine d'années, et ce à travers le destin individuel d'un fervent « partisan ». Difficile toutefois pour Diastème d'opter pour autre chose que d'énormes ellipses pour raconter ces trois décennies, si bien qu'on a du mal à comprendre les motivations de cette « rédemption », la réalisation restant globalement sommaire. Malgré tout, il est intéressant de voir brosser un portrait très juste d'une (toute) petite frange de la population, enfermée dans des idéaux nauséabonds tout en se donnant des airs de gens on ne peut plus normaux, dont les origines sont parfois loin d'être aussi modestes qu'on ne pourrait le penser. De plus, le film se nourrit d'une ambiguïté bienvenue à travers son « héros », s'éloignant définitivement de ce milieu tout en restant fidèle à ses amis de l'époque, offrant une image de ce dernier plus complexe que certains ne souhaiteraient nous faire croire.
Et puis, n'en déplaise aux plus naïfs, le long-métrage s'avère une belle occasion de nous rappeler à quel point l'histoire du Front National s'est écrite dans la haine et la violence, de nombreux sympathisants historiques restant encore aujourd'hui actifs, seulement sous des airs plus policés (ou pas d'ailleurs). Après, entendons-nous bien : il ne s'agit là que d'une toute petite minorité à l'intérieur d'un parti, mais il était à mes yeux important de le rappeler, surtout lorsque cela est fait avec recul et pédagogie. Enfin, si Alban Lenoir s'avère crédible dans le rôle-titre, il est toutefois éclipsé par Samuel Jouy, plus vrai que nature en militant de base gravissant un à un les échelons de la politique : un nom à suivre, assurément. D'un point de vue cinématographique, c'est un peu léger. Niveau intelligence et justesse du propos, c'est très réussi.