Ayant retrouvé ce qui faisait le sel et le succès de son cinéma avec The Gentleman en 2020 après une période plus anecdotique et décevante dans sa filmographie (Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur en 2017 et Aladdin en 2019), le réalisateur anglais Guy Ritchie revient avec un film d’action pur et dur ultra efficace, mais plus classique dans la forme que ses survoltés et énergiques Snatch, The Gentleman ou son dyptique Sherlock Holmes.
Remake du film Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief (2004) avec Albert Dupontel et Jean Dujardin, Un homme en colère avait de quoi intriguer : remake musclé d’un film français, Guy Ritchie à la mise en scène et quatrième collaboration avec Jason Statham (roi de la tatane cinématographique depuis plus de dix ans). Les critiques étant plutôt positives à l’encontre de ce douzième long-métrage signé Guy Ritchie, j’étais donc très intrigué à l’idée de le voir, surtout en cette période où les films à plus gros budgets commencent à revenir dans les salles obscures. Je m’attendais donc à quelque chose de relativement classique dans la forme à la vue des bandes-annonces même en sachant que c’est du Guy Ritchie, cinéaste qui possède un style que j’aime beaucoup : très dynamique, avec beaucoup de dialogues, un montage rapide, une narration saccadée le tout emballé dans une ambiance british très cool.
Et là surprise : une grosse claque. Alors oui, même si le film reste forcément classique dans son histoire, que le twist autour d’un des personnages est grillé dès le début et que la mise en scène de Guy Ritchie est plus posée et classique que d’habitude (ce qui peut décevoir les fans), Un homme en colère est de loin l’un des films d’action les plus intenses et marquant que j’ai vu au cinéma ! Dès que le film commence je suis pris dedans, impossible de comprendre pourquoi mais ça marche du feu de Dieu. Peut-être grâce à l’ambiance sonore et au son explosif qui se dégage de la salle de cinéma qui nous balance à la figure la musique rugissante, lourde et intense de Christopher Benstead. La musique et le son m’ont toujours beaucoup aidé à entrer dans un film et à l’apprécier, je pense notamment à l’excellent Sicario de Denis Villeneuve (2015) qui dans le même cas m’a emporté tout de suite. Un homme en colère réussi donc parfaitement bien son entrée en matière avec un plan séquence d’ouverture très maîtrisé et mystérieux sur un braquage de fourgon qui tourne mal, un générique stylisée et le début de l’histoire avec ce personnage énigmatique incarné par Jason Statham dont on ne connaît rien, ni le passé, ni le nom, ni ses motivations. Le tout dans un univers dont j’ai vu peu de films, celui des convoyeurs de fonds, ce qui m’a encore plus aidé à entrer dedans.
Et là où le film m’a agréablement surpris c’est dans sa narration chapitrée pour nous faire comprendre petit à petit le pourquoi du comment de l’intrigue. Alors oui d’autres l’ont fait avant et peut-être en mieux, mais ici je trouve que cela renforce bien le scénario et l’immersion du spectateur dans l’histoire. La force de cette histoire réside donc plus dans sa structure narrative non linéaire plutôt que dans son histoire elle-même, vue mille fois c’est sûr, et qui racontée de manière classique aurait été moins intéressante et surprenante à mon sens. Mais l'ensemble étant parfaitement bien mis en scène et avec une grande efficacité par Guy Ritchie, le film est très prenant avec ses scènes d’action viscérales et brutales, ses fusillades assourdissantes et ses braquages vraiment bien foutus (on pense parfois à Heat de Michael Mann (1995), oui j’ose la comparaison).
Et dans ce mélange de film d’action, de braquage et de vengeance, l’atout numéro 1 restera sans aucun doute l’homme en colère du titre, Jason Statham, qui livre probablement l’une des meilleures prestations de sa carrière et surtout dans l’un de ses meilleurs films. Sec, brutal, sans concession, le regard grave et d’acier, bien aidé par son doubleur français officiel Boris Rehlinger, l’acteur bouffe la caméra de son charisme brute. Le film porte clairement bien son titre... Et Statham n'est pas seul à tenir la baraque puisqu'il est bien aidé par d’excellents seconds couteaux : le Mindhunter Holt McCallany, Eddie Marsan (un des acteurs fétiches de Ritchie), Josh Hartnett (un peu sous-exploité à mon goût), le très surprenant Scott Eastwood dans un rôle à contre-emploi, l’impeccable Jeffrey Donovan, le Boys Laz Alonso ou l’Incorruptible Andy Garcia qui passe faire coucou.
Vous l’aurez compris, Un homme en colère m’a totalement convaincu. Gros actionner qui fait très mal et divertissement de bonne facture, bien mis en scène et en musique, un scénario qui tient la route et une interprétation de haute volée signée Jason Statham. Sombre, brutal, intense, classique, ce Guy Ritchie là me plaît beaucoup.