Le revenant du titre, c'est Jean-Jacques Sauvage, directeur d'une troupe de ballet, de retour dans sa ville natale, Lyon, après avoir été victime d'un mystérieux complot plusieurs années auparavant.
C'est aussi Louis Jouvet, de retour sur les écrans français en 1946 après une tournée sud-américaine sur les planches tout au long de la guerre.
"Un revenant" est un film de vengeance, puisque Sauvage n'est pas dupe de "l'accident" dont il a été victime, et on comprend au fur et à mesure l'identité et les motivations de ses agresseurs, tandis qu'on suit en parallèle les tenants et aboutissants de la machination qui lui tiendra lieu de revanche.
Le réalisateur Christian-Jaque délivre une mise en scène soignée, qui met joliment en valeur la capitale des Gaules, rarement à l'honneur au cinéma (si ce n'est dans quelques films de Tavernier), dont les notables apparaissent dans toute leur mesquinerie et toute leur lâcheté.
C'est d'ailleurs à mon sens le principal reproche que je ferais au film, celui de forcer lourdement le trait, non seulement quant aux vices des grands bourgeois, mais aussi par rapport aux caractères des personnages moins manichéens, tel que celui joué par François Périer (pas mauvais au demeurant), qui semble outrageusement naïf et excessif dans ses inclinations.
Pour le reste, "Un revenant" présente de nombreuses qualités, à commencer par l'écriture d'Henri Jeanson (auteur de nombreux dialogues acérés) et par l'interprétation de Louis Jouvet, charismatique en diable, bien entouré par des seconds rôles tels que Gaby Morlay, Louis Seigner, et surtout la délicieusement vipérine Marguerite Moreno.
Un classique des années 40, enlevé et jubilatoire.