Henri Verneuil n'était peut-être pas le plus grand réalisateur français, mais tout de même : quelle maîtrise ! Voir un tel professionnalisme n'est pas si courant, comme en témoigne l'épatante ouverture où l'ami Henri met tout son talent au service d'une scène à la fois spectaculaire et intimiste : une belle réussite. Après, il y a bien quelques passages moins inspirés, mais l'écriture d'Audiard est un tel régal et le duo Jean Gabin - Jean-Paul Belmondo si complémentaire qu'on ne peut que jubiler à de nombreuses reprises, d'autant que le scénario n'a rien d'un prétexte.
Au contraire, celui-ci s'avère très cohérent et donne une vraie ossature à ces deux personnages radicalement différents, leur situation rejoignant très souvent le grand désarroi caractérisant souvent leurs discours. Et quand en plus les seconds rôles sont croqués d'aussi jolie manière, de l'émouvante Suzanne Flon en passant par Paul Frankeur et un génial Noël Roquevert, sans oublier un final pétaradant précédant un dénouement d'une belle sobriété, on ne peut que se réjouir. Le cinéma populaire dans ce qu'il a de meilleur.