"Mourir saoul, c'est mourir debout". Peut-être. C'est à voir.
Honnêtement, je ne peux franchement pas dire que c'est un mauvais film car, primo, il est de Verneuil, deuxio, il y a Gabin et Belmondo, tertio, les dialogues sont d'Audiard, quarto, il y a de superbes seconds rôles.
Et pourtant j'ai un mal fou à adhérer. Pourquoi donc !!!! Ben, c'est l'histoire qui ne me plait pas plus que ça. Autant le dire tout de suite : il m'est difficile, voire impossible, d'adhérer à une histoire qui voit deux hommes plonger dans l'alcool, l'un pour pouvoir revivre ses aventures du corps expéditionnaire en Chine, l'autre, pour oublier l'échec de sa vie sentimentale.
J'ai vu des hommes solides et brillants se détruire - irrémédiablement - en quelques années - suite à une séparation ou une humiliation ou un échec professionnel ou privé, que sais-je. Et contrairement au mot de la fin du film, ceux-là n'ont même pas eu la possibilité "d'entrer dans un long hiver"
On dit que c'est génétique et que de toute façon, ils auraient plongé. Possible.
Alors, après mon petit écart négatif, voyons les choses positivement.
D'abord, il y a la rencontre de deux hommes, Quentin et Fouquet, respectivement Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. Deux générations. Ils se reconnaissent et se respectent. Les personnages Quentin et Fouquet éprouvent une relation qui dépasse l'amitié pour atteindre un sentiment de père à fils.
"Quand on a un enfant, il y a des choses qu'on n'a pas le droit de faire" dira Quentin à Fouquet.
Gabin a un peu tendance à cabotiner alors que Belmondo est très convaincant.
Entre les scènes délirantes d'ivresse, il y a des scènes très bien jouées car pleines d'émotion contenue quand Gabin déplie un bonbon ou quand Belmondo essaye de deviner qui est sa fille parmi les pensionnaires du Cours Dillon sur la plage.
Ce que j'ai bien apprécié dans le film, ce sont les seconds rôles.
D'abord, l'émouvante Suzanne Flon qui joue l'épouse de Quentin (Gabin) et qui aime son mari malgré ses incartades. Elle s'inquiète mortellement à l'idée qu'il puisse replonger.
Ensuite Frankeur, patron d'un bistrot, ancien copain de beuveries avec Gabin, fâché pendant la période d'abstinence de Gabin. Accusé de n'être qu'un français moyen de l'ivresse, il reçoit cette réplique :
"Monsieur Esnaut, si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille"
Noel Roquevert est pas mal aussi dans son rôle d'artificier et dans la séquence du feu d'artifice.
A noter aussi Gabrielle Dorziat dans un improbable rôle de directrice du Cours Dillon qui parle en anglais avec un accent à couper au couteau...
"Un singe en hiver" est un film inégal dont je n'aime guère l'histoire. Cependant, les qualités de la mise en scène, le jeu des acteurs dont en particulier celui de Suzanne Flon vont faire que je mettrai 6 au film.
Mourir saoul, c'est mourir debout : le seul avantage que j'y verrais, c'est qu'on meurt inconscient ; debout ou couché, quelle importance !