Sélectionné en compétition officielle du festival de Cannes 2019, Terrence Malick nous invite avec son dixième long-métrage à prendre de la hauteur. C'est au cœur d'un village perché dans les montagnes autrichiennes que le rendez-vous est donné. Dans ces magnifiques paysages renversants, il est surtout question de travail et de sa valeur.
Le rapport à la terre est magnifiquement filmé : des mains fermes, puissantes et vaillantes œuvrent sans relâche au travail des champs, au filage de la laine, à la fabrication du pain, à la traite des vaches...
Ces mains sont aussi le théâtre de réconfort et de complicité : on se serre dans les bras, on danse, on joue... et on croit en Dieu.
Jusqu'à cet instant où le son du glas accompagné du bruit cadencé des pas militaires crispent des mains solidaires. A cet instant, la conscience d'un homme se réveille et se rebelle.
Spirituellement rongé, ce père de famille soucieux, anxieux se sent heurter de plein fouet par un cas de conscience, dont il semble le seul à accuser le coup. L'incompréhension de son entourage est grande et hostile, exceptée heureusement pour lui, le non jugement de la part de sa famille.
Un film qui interroge grandement sur les questions de la foi, de la spiritualité et du sacrifice. Jusqu'où peut-on aller dans le sacrifice, quand ce dernier va entraîner et bouleverser d'autres précieuses vies innocentes ?
Un tel comportement n'est-il pas sans résonance avec le notion d'égoïsme ? Surtout quand il serait possible d'opter pour une décision de moindre mal. Mais non, pas de demi-mesure, la foi reste entière et telle la passion du Christ, le chemin de croix doit s'accomplir.
Dans une épopée filmique fraîche et aérienne, mettant en lumière deux fabuleux interprètes, Terrence Malick nous entraîne pendant presque 3h dans les plus hauts cieux montagneux, jusqu'à manquer d'oxygène et accomplir ainsi le sacrifice de l'agneau de Dieu.