A l'origine, un livre choc écrit en 1948, très fidèlement transformé par Claude Berri en 1990 en un film grinçant mais passionnant.
Le contexte, c'est une petite ville à la libération, partiellement détruite probablement vers la fin de la guerre. La solidarité s'organise et les sans logis sont hébergés chez les habitants ayant conservé leur logement. Cette promiscuité subie n'est pas sans générer des heurts.
Dans cette ville, à cette période "intermédiaire" où les institutions nationales peinent à se mettre en place, le pouvoir est aux mains des maquis, communistes ou non. Autant dire que les vaincus de la veille tiennent la dragée haute aux vaincus du jour, qui adoptent un profil bas …
Tout est bon pour dénoncer son voisin, la justice est expéditive. C'est la période dite de l'épuration où des comptes se règlent, où la loi du plus fort règne en maître.
Côté casting :
D'abord les 2 "philosophes humanistes", Jean-Pierre Marielle, le cœur sur la main et Philippe Noiret, romantique torturé, qui ne font partie ni du clan des vainqueurs ni des vaincus, et qui observent leurs compatriotes en essayant de ne pas tremper leurs pieds dans le marigot des intrigues politico-politiques. "Dans l'horreur, toutes les idées se valent"
Puis les "pas très clairs" Galabru et Depardieu qui ont un peu beaucoup traficoté ave les allemands. Depardieu, le bistrot, en particulier, grande gueule, résistant de la dernière heure, déplait à certains, est jalousé par d'autres. C'est un personnage truculent qui se découvre une passion pour Racine et la poésie, entre deux verres de blanc
Et il y a les communistes qui tentent de s'emparer du pouvoir. Parmi eux, on trouve le communiste opportuniste accessoirement mouchard (Daniel Prévot), le communiste prolétaire, idéaliste qui veut une prise de pouvoir par les urnes (Michel Blanc) et le communiste sectaire, fanatique, qui veut une prise de pouvoir par n'importe quel moyen, bien dans la ligne du Parti (Fabrice Luchini). Ils sentent que le pouvoir est en train de leur échapper, en sont fébriles et prêts à tout pour le conserver.
Plus les années passent, plus je me persuade que le roman de Marcel Aymé et le film de Claude Berri ne sont pas si loin de la vérité. Les périodes de guerre et juste après-guerre, sont des moments favorables à l'expression de perversités ou de lâchetés en tous genres.