Le film, non sorti en salle en France à l’époque (Bergman était encore très peu connu bien que ce soit son huitième film), tourne, une fois de plus, sur la question du couple et du mariage. Il est en partie autobiographique et Bergman ne s’en est jamais caché : « Le film devait raconter l’histoire d’un jeune couple de musiciens de l’orchestre symphonique de Helsingborg. Un déguisement de pure forme. Cela parlait d’Ellen (sa deuxième femme) et de moi, des exigences de l’art, de la trahison et de la fidélité. » (Laterna magica, Gallimard, Folio). Le moins que l’on puisse dire c’est que Bergman s’est traité sans aucune complaisance : le personnage de Stig, physiquement quelconque, terne, immature, lâche, artiste médiocre, infidèle, est traité bien cruellement face à une Marta beaucoup plus mature, sympathique et lumineuse ! Sur la forme, le film est assez remarquable, puisqu’il consiste presque entièrement en un grand flashback où le « héros », dont la femme meurt tragiquement dès le début du film, revit l’histoire de son couple. Bergman filme aussi admirablement les scènes d’orchestre avec de très beaux mouvements de caméra. Sur le fond, c’est la musique, et plus précisément L’Hymne à la joie, de la 9ème Symphonie de Beethoven, qui clôt le film et semble réconcilier Stig avec la vie. Le bonheur et la liberté sont possibles par l’art plus que par le couple et la famille. À noter que le chef d’orchestre, qui est en quelque sorte un père symbolique, et joué par le réalisateur Victor Sjöström, que Bergman admirait beaucoup.