A l'heure où "Don't Look Up" cartonne sur Netflix, je me suis penché sur le précédent brûlot du réalisateur Adam McKay, consacré à Dick Cheney, l'ancien Vice-Président conservateur des années George W Bush.
Le genre de film qui vous laisse un goût amer : l'amertume de voir des crapules mener à bien leurs entreprises (sachant que Bush fut réélu pour un second mandat, sans oublier Trump quelques années plus tard).
L'amertume, le dégoût et la tristesse relatifs au constat forcément pessimiste sur la marche du monde.
Par conséquent, en dépit des quelques facéties formelles de McKay et d'une poignée de séquences drolatiques, ne regardez pas "Vice" dans l'espoir d'assister à une véritable comédie ou un divertissement, vous seriez déçu.
Pour autant, les films de ce genre restent évidemment d'utilité publique, que chaque citoyen un minimum informé et concerné se doit de s'infliger, telle une piqûre de rappel historique.
Bien entendu, on ne va pas se mettre à éviter ce type de réquisitoire aux vertus didactiques, sous prétexte que le constat est douloureux, sinon on ne regarderait plus que de la guimauve hollywoodienne.
Mais ce que j'espérais, c'est une participation plus active du spectateur, que McKay maintient au contraire dans une position totalement passive, simple observateur du parcours malfaisant de cette canaille de Dick Cheney.
Aucune réflexion sur les dérives "naturelles" de l'être humain confronté au pouvoir, aucun cas de conscience, aucune mise en perspective, seulement la présentation d'un type détestable - ce qui met en évidence l'autre limite de "Vice" : son aspect lourdement manichéen.
Les conservateurs sont des vilains qui magouillent à chaque instant afin de manipuler le bon peuple américain (les démocrates ne font pas usage du marketing politique, sans doute?).
"Vice" constitue un document de propagande, flirtant sans vergogne avec les méthodes qu'il dénonce.
On aurait apprécié davantage de nuance et de réflexion, plutôt que ce portrait à charge un peu plat qui laisse une sensation... amère.