L'architecture et le cinéma sont probablement les expressions artistiques les plus riches. S'y mêlent dessin, peinture, botanique, photographie, théâtre, littérature, musique... Manuel de Oliveira aimait passionnément le cinéma, mais aussi l'agriculture et l'architecture.
Le film commence par la visite singulière de la maison dans laquelle il vécut quarante années durant. Construite par un disciple portugais du mouvement moderne français, la villa impose formes nettes et espaces lumineux au cœur d'une nature accueillante. Oliveira réalise le film en 1982 alors qu'il a dû vendre la maison, construction elle-même devenue "vieille", ridée par le temps, fourmillante de passé.
On apprend que le père et le grand-père du cinéaste ont eux-mêmes construit une maison pour accueillir leur famille. On sent là une tradition solide et pleine de sens, le besoin d'un lieu pour écrire une histoire. Magnifiquement filmée, la visite nous fait découvrir une maison profondément habitée (dans tous les sens du terme) dans laquelle le regard se promène au fil des découvertes (un bibelot, une toile, un bureau...).
Oliveira est passionnant quand il évoque l'histoire de sa famille, la passé industriel de son père, sa propre arrestation sous le régime fasciste. Il l'est moins quand il énonce des points de vue surannés sur la pureté, la religion, le caractère des femmes. Littéraire et donc bavard, le film perd quelquefois en grâce et l'on décroche de temps en temps.
*Visite ou mémoire et confession*s retrace le parcours d'un cinéaste acharné qui livre là (après sa mort, mais ne s'imaginant sans doute pas trois décennies avant) le portrait d'un homme qui aura traversé le siècle. En cela son témoignage est-il précieux.