Après plusieurs livres écrits sur le cinéma américain, Bertrand Tavernier s'attaque à celui hexagonal via un documentaire de plus de trois heures, où la passion du bonhomme est manifestement intacte. Des années 30 à 70, l'auteur de « L.627 » traverse les époques avec un plaisir souvent communicatif, son immense culture faisant la part belle à la technique comme aux émotions, le choix des films et des images prêtant rarement à discussion jusqu'aux 50's, d'autant que ses arguments et sa manière de décrire chacun d'entre eux forcent le respect et l'intérêt de quiconque s'intéressant un minimum au sujet. Évidemment, 180 minutes c'est très peu pour parler d'une période aussi longue dans un pays aussi riche en œuvres majeures, et certains cinéastes (notamment Julien Duvivier) passent un peu à la trappe.
De plus, on peut être parfois dubitatif quant aux éloges que Tavernier émet sur certains noms (notamment dans les années 60), d'autant que celui-ci semble « privilégier » les réalisateurs qu'il a directement fréquentés, ce qui n'empêche pas l'analyse et la clarté. L'homme n'est pas forcément « sympathique », ce qui n'empêche nullement l'immersion et le plaisir de se plonger dans ces différents titres, d'autant que son regard reste constamment accessible, ludique. Bref, si on est (logiquement) plus convaincu par certains choix que d'autres, la subjectivité ayant inévitablement un rôle très important, difficile de résister à autant d'intelligence et de savoir, au moins lorsqu'on est cinéphile. Un voyage à ne pas manquer.