McQuarrie a donné à Hollywood un de ses meilleurs scénarios. Un script si bon qu'il en aurait presque fait passer Bryan Singer pour un bon réalisateur et Kevin Spacey pour un grand acteur. Je parle bien sûr d'Usual Suspect. Le film au twist final le plus mémorable de l'histoire du cinéma. Le bonhomme a donc l'esprit retors, sans nul doute. Cependant, cette qualité qui l'a servi pour imaginer Keyser Söze, va le desservir ici.
Way of the gun est un film dont l'ambition principale est, semble-t-il, de faire voyager le western dans le temps, jusqu'aux années 2000. Cela, il le réussit plutôt bien. Et s'il s'en était tenu là, il aurait bien mérité un ou deux points de plus. Seulement voilà, McQuarrie est sûrement incapable d'imaginer une histoire simple où les choses sont ce qu'elles semblent être. Par conséquent il se perd en cours de route et vient polluer son film de rebondissements qui n'ont rien à y faire. Entre la première et la dernière demi-heure impeccables, on assiste à une série de révélations qui nous font nous demander si on est devant un bon néo-western à l'action nerveuse ou un mauvais thriller psychologique. Qui sont les véritable parents de l'enfant ? Qui est vraiment la mère porteuse ? Avec qui couche la femme du boss ? Honnêtement, on s'en fout. Ça ne fait que rajouter une demi-heure à un film qui n'en a pas besoin.
C'est vraiment dommage. Car en plus de scènes d'action originales et particulièrement réussies, McQuarrie parvient à mettre en place quelques belles ambiances et ébauche un début de réflexion sur ce que sont devenus ceux qui empruntent ce "way of the gun" et donc, en parallèle, ce qu'est devenu le western. Il pose ses anti-héros admirablement bien, avec une scène d'ouverture très drôle, et leur confie une tâche qu'ils accomplissent avec diligence : celle de déconstruire un mythe.
Au delà de ce défaut rédhibitoire de surrenchère narrative qui amène une dilution de l'essence même du film, il y a quelques autres défauts mineurs. Evidemment il y a un problème de casting et Ryan Philippe fait bien pâle figure à côté de Benicio del Toro (qui n'a, lui, rien à envier à l'excellent James Caan). La mise en scène sobre est généralement réussie mais on aimerait que certains plans soient mieux construits, que le cadre respire un peu plus et mette à profit ces décors de western qui sont l'un des principaux atouts du films. Les quelques phrases débitées en voix off à la fin achèvent de laisser en bouche un goût d'inachevé.
On vient de voir un film qui prouve encore une fois que le mieux est l'ennemi du bien. Et à rebours des versions director's cut, on se met à imaginer une audience's cut qui trancherait dans le vif et viendrait révéler le 8 qui se cache derrière ce 6 sur 10.