La figure du fils de substitution au sein d'un couple en perdition aurait pu être développée, tout comme la réparation de l'unité familiale et identitaire (la langue chinoise), une autre voie est choisie. Cette relation sentimentale non-conventionnelle n'a en soi pas grande valeur sociologique dans le film, elle s'interprète un peu comme des idéogrammes, et symbolise la revitalisation du féminin pourrait-on dire. Deux solitudes, et surtout celle d'une femme dont le corps s'éteint, négligée totalement par son mari et souffrant d'une coupure avec ses racines. L'aventure lui fera retrouver la fertilité et simultanément son terroir, sa famille, sa culture d'origine.
Ecriture sensible centrés sur les personnages, bien étoffés. Montage implicite, pudique, précis, efficace (première scène où Ling rentre chez elle; en 3 ou 4 plans on comprends l'égoïsme du mari et la présence d'un parent âgé invalide). Plusieurs plans séquences remarquables et soucieux de la profondeur de champ (situation d'adultère du mari aperçue de loin sur un trottoir par Ling au volant, laquelle reprend la route, son émotion se lisant dans le rétroviseur et au son de ses pleurs !).
Magnifique scène où le beau-père apprend au jeune élève le caractère "Aider" en chinois, et plus tard ce bras qu'il lève vers Ling (en amorce du cadre), pour lui témoigner son affection au moment où le chagrin lui prend. Magnifique juxtaposition d'un rêve de bébé avec le décès du vieil homme. Beaucoup d'autres idées encore...!
Si l'histoire de cette brève relation, atypique, est un peu maladroite, la sensibilité du langage cinématographique convoqué est vraiment touchante.
(7,5/10)