On pensait avoir fait le tour des films de possessions comme la tête de Linda Blair dans l'Exorciste de Friedkin. Rangez soutanes en tout genre et faites place à When Evil Lurks. Car si vous pensiez vous la jouer exorcisme tranquille dans une petite chambre de bonne avec filets de baves, yeux injectés de sangs et déferlement de jurons à faire pâlir Jean-Marie Bigard, vous allez être surpris. Et pas qu'un peu pauvres mortels !
Car au milieu de la pampa, les esprits malins ne sont pas venus pour enfiler des perles de chapelets. Exit le huit-clos, ici le démon se donne des airs d'épidémie et une fois lâché, il s'insinue en toutes choses et vous, frêle spectateur, vous vous rendez compte que vous n'avez ici aucune logique à laquelle vous raccrocher. Le piège est tendu.
Sur les traces de deux frères qui regretteront à jamais d'avoir été un peu trop curieux suite à des coups de feu entendus près de chez eux en pleine nuit, le réalisateur Demian Rugna, après une introduction faite de corps mutilés et déformés, nous assomme d'une urgence constante face à cette fuite du mal de laquelle il ne semble pas y avoir d'échappatoire.
Le tour de force de When Evil Lurks réside dans son rythme complètement fou auquel viennent s'associer des scènes chocs (l'affiche vous donne une idée assez précise de ce qui vous attend, et encore) et le sentiment d'être complètement impuissant face à cette menace. Si les personnages semblent savoir à quoi ils ont à faire, se mettant en garde perpétuellement les uns les autres avec des règles qui semblent sorties de nul part, nous spectateurs sommes dans un flou malaisant qui peut au début donner une impression brouillonne. Mais que nenni ! Demian Rugna maîtrise son film de bout en bout. C'est tout simplement que nous n'avons pas les codes et les règles qui seront distillés au fur et à mesure que l'on s'en prendra plein la gueule. L'horreur n'a ici aucune limite territoriale ou physique et la menace, véritablement polymorphe, nous met aux aguets autant qu'elle nous surprend, allant crescendo jusqu'à une espèce de stupeur presque grisante lorsque pour une raison que l'on ignore, nos deux frères regagnent la ville et leurs proches.
Captivant, furieux, malsain, surprenant, reprenant la folie possessive de la licence Evil Dead avec un peu plus de sérieux, When Evil Lurks m'a scotché à mon fauteuil. On se débat ici avec un drame horrifique mené avec une urgence de tous les instants qui me rappelle ce que j'avais ressenti il y a pas mal d'années déjà devant Dawn of the Dead de Zack Snyder qui avait à l'époque eu la bonne idée de faire courir ses zombies.