Étant un réalisateur que je connaissais mal, il était logique et légitime que je « rende hommage » à Jean-Pierre Mocky après son décès, même si on peut être surpris par ce choix de France Télé alors que d'autres auraient sans doute été plus judicieux. Car « Y a-t-il un Français dans la salle ? », c'est quand même parfois du très lourd. Il faut dire qu'avec l'ami Jean-Pierre et Frédéric Dard adaptant son propre roman, il y avait de quoi être inquiet : les deux ne font pas toujours dans la dentelle et nous le démontre, parfois bruyamment, à base de dialogues parfois plus que douteux et plusieurs scènes où l'acceptable est largement dépassé, les passages scandaleux entre Jacqueline Maillan et Jean-François Stévenin en tête.
Il y a aussi de quoi rester perplexe devant l'inintérêt manifeste des deux hommes pour l'enquête, dont on se préoccupe de moins en moins pour finalement être complètement laissé de côté, se préoccupant plus de personnages très inégaux placés dans des situations qui le sont tout autant. Tout est imbibé par le sexe, traité de façon trop vulgaire, Dominique Lavanant étant probablement celle qui hérite des dialogues les plus salaces, exception faite des deux cités précédemment. Ce qui limite évidemment considérablement l'intérêt de l'entreprise, ce qui est dommage car Mocky se montre ici plutôt appliqué dans sa mise en scène, réussissant avec habileté certains protagonistes (celui du leader politique et du maître-chanteur en particulier) et pouvant compter sur une sacrée troupe d'acteurs, aussi discutable soit son utilisation (Victor Lanoux dans un de ses meilleurs rôles, Michel Galabru, Andréa Ferréol, Jean-Luc Bideau ou l'excellent Jacques Dufilho, sans oublier ceux déjà évoqués).
Surtout, ce regard assez sombre sur la politique, où tout est combine, arrangement, sans la moindre grandeur, tout coup d'éclat semblant être voué à l'échec quant à l'avenir : il est peu dire que ce constat est toujours d'actualité, voire encore plus... Du bon et du (beaucoup) moins bon dans ce film bancal, satire percutante grandement gâchée par l'absence de fil narratif et la vulgarité inhérente au récit. Le rebelle du cinéma français méritait sans doute meilleur hommage.