Pour commencer,je précise d'emblée que je n'ai vu aucun autre film de Sorrentino(mais cela ne saurait tarder).
Youth n'est pas un film facile,à première vue. Méprisant, humiliant et flirtant avec le même goût?Oui.Et c'est ce qui en fait l'intérêt.Car Sorrentino, finalement pudique, révèle ainsi la grandeur d'âme de ses personnages. Il est de ces cinéastes, qui, à travers la moquerie et la futilité, révèlent la beauté du monde.
C'est un film qui fait du bien,malgré sa dureté.Il est drôle(le jeune acteur et son rôle de robot qu'il déteste, les dialogues entre Caine et Keitel),avec ses scènes d'onirisme réussies (le concerto de cloches alpines) et ratées(les visions de Keitel) ainsi que ses scènes déchirantes(le conflit puis la réconciliation père-fille...).On est gêné parfois devant cette façon de rire de tout(notamment la vieillesse...) et de certaines scènes mettant en scènes des personnages humiliés (le conflit père-fille évoqué plus haut, la scène ou Keitel se fait insulter par Jane Fonda),mais Sorrentino à quelque chose à dire ("Les émotions, c'est tout ce que nous avons...",beau précepte quand on se rappelle le cynisme de certaines oeuvres) sur la transmission par exemple(le film,loin d'être réactionnaire,parle d'éspoir en de nouvelles générations,s'éveillant à l'art).
Il va sans dire que les acteurs sont excellents, Keitel et Caine ayant trouvé un rôle à la mesure de leur talent, tout en étant entourés de Rachel Weisz et Paul Dano,dont il ne faut pas sous-estimer les excellentes interprétations. Le cadre soigné, millimétré crée une ambiance étrange,qui accentue le comique "pince sans-rire". On sent dans la rigueur narrative et formelle le perfectionnisme du cinéaste.
On s'attache aux personnages, et, au rique d'en faire trop, Sorrentino ose l'émotion recherchée par ses personnages. Au-delà des reproches qu'on peut lui faire,nous nous trouvons, à mon avis, devant un film sincère.