Chassez le naturel, il revient au galop comme une expression toute faite : pour son deuxième film, Étaix retournait déjà au cirque. Il fait le clown, mais c’est bien plus que ça : on le connaît principalement pour Yoyo car il y est un peu tout. Il était temps de reprendre sa filmographie dans l’ordre.
Il démarre en cinéma muet jusqu’à la crise économique de 1929 ; avec la guerre, c’est le seul évènement qui vient influer sur le cours de l’histoire de Yoyo. Et ce n’est pas rien de tout faire en fonction d’un genre éteint depuis si longtemps : intertitres et gros plans fixes ne font pas tout et les gags doivent être dimensionnés en fonction. Par contre, le film doit acquérir bien vite les traits d’une compilation, succession oiseuse de petits sketchs.
Il y a quand même du bon à prendre de tous côtés : en clown ou en magnat, Étaix est drôle, ses moqueries un peu absurdes à la hauteur de son air égaré. Il est le digne secrétaire général du groucho-marxisme, et non content de déposer des petites pépites comiques comme un Grand Poucet heptartistique, il vise la transformation, la rétrospective.
Étaix, de bourgeois, devient père et clown. Quand le personnage s’efface, il se met à incarner le fils, Yoyo, qui lui ne rencontrera ni de crise économique ni de guerre. Il jouira de sa célébrité dans un cirque qui devient métaphorique, puis télévisuel, puis le déshérite. De ce questionnement sur la légitimité d’une vie, le clown fait rejaillir une thèse bien sérieuse, sans morale, où Étaix semble se juger lui-même sans sévérité ni encourager au vice.
Plus qu’un film mimé où se rencontrent Chaplin et les arts du chapiteau, c’est une comédie mal scénarisée et inconstante, mais c’est surtout sincère. Quand on a vu Le Soupirant et qu’on en a été un autre devant les affreux parents de Le Grand Amour, c’est un soulagement et un plaisir de voir quelque chose d’autre encore que cela ou le surréalisme sortir de l’esprit d’Étaix.
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