Zombillénium
6.6
Zombillénium

Long-métrage d'animation de Arthur de Pins et Alexis Ducord (2017)

Fidèle à l’original… Et c’est ça le problème.

Déjà pour la B.D., j’avais eu du mal à comprendre l’engouement de ce « Zombillénium »…


C’est bête, mais ce concept de parc d’attractions composé de vrais monstres, je n’en voyais déjà juste pas l’intérêt. Si encore cet univers avait été l’occasion de basculer dans une forme totalement « no limit » d’absurde et de n’importe quoi, ça aurait pu s’expliquer. Mais là non, c’était d’un plat et d’un convenu…


Du coup, quand j’ai vu sortir ce film – et que j’ai constaté qu’à nouveau pas mal de gens s’enthousiasmaient autour de lui – ça m’a pas mal interpelé et j’ai voulu voir… Bilan : eh baaaaaah… Je ne vois toujours pas l’intérêt en fait…


Le pire, c’est que dans le cadre de ce film, je trouve qu’on sent qu’il y a pas mal de pistes qui sont intéressantes et qui auraient mérité d’être creusées, comme par exemple le fait de faire un parallèle entre le bassin minier du Nord et la situation singulière du parc. Tout s’y retrouve un peu : le paysage miné par l’industrie et la brique brune ; des mutations imposées aux populations par l’extérieur ; les stigmates des questions sociales omniprésentes où la segmentation entre cultures ouvrières et bourgeoises ont encore la vie dure…
Bref, il y avait un terreau intéressant là-dedans. Et le pire c’est qu’on sent que les auteurs se sont vraiment efforcés de faire monter la mayonnaise à grands coups de détails savoureux et de morceaux musicaux bien rythmés, mais au final ça ne change rien au constat de base que je tire de cet univers « Zombillénium » ; un constat qui pourrait se résumer en une phrase : « Mais en fait c’est quoi l’intérêt de raconter l’histoire d’un parc d’attractions avec de vrais monstres ? »


Parce que là encore – une fois de plus – d’un concept bien barré on aboutit à un film, un univers et une intrigue qui ne sont pas barrés du tout. Et pour le coup, ce décalage il fait mal. Il fait même d’autant plus mal qu’on sent que pas mal d’aspects de la B.D. originale ont été beaucoup lissés pour convenir à un public plus large.


Ainsi, exit le personnage principal qui meurt en braquant le troquet du coin. A la place, on a une drôle d’histoire d’inspecteur du travail qui en a trop vu et qui se retrouve enrôlé de force par le directeur du parc (…paye d’ailleurs le renversement de valeurs morales que ça engendre.)


Exit aussi les discussions politiques et syndicales entre les personnages au profit de quelques blagues assez édulcorées en mode « un syndicat ça sert à rien à part faire grève » (Là encore, paye ton renversement de valeurs morales ! Xavier Bertrand a eu un droit de regard sur le scénario ou quoi ?)


Exit également la Gretchen gothique blasée originale, rabatteuse un peu louche au positionnement social subi. A la place on se retrouve avec un émo un peu fleur bleue qui transgresse avec l’originale…


Or, le problème, c’est qu’en ayant émoussé une bonne partie de cette dimension sociale là, pas mal de choix du film tombent un peu à plat, comme par exemple cette reprise de « Au Nord c’était les corons » au moment où le directeur du parc descend aux enfers comme un ouvrier descendrait à la mine.


Si encore le personnage du directeur avait su être présenté comme un vampire aux vielles allures d’ouvrier italien qui ne se donne une image de patron bourgeois que devant le public (à l’image de ce qui se passe dans la B.D.), là ça aurait pu passer. On aurait compris la logique du petit gars du terroir qui se fait déloger par des actionnaires étrangers et vis-à-vis duquel les ouvriers du coin se seraient alors sentis solidaires. Mais là, sans ces précisions là, la scène parait totalement incohérente et risible à souhait, tant à ce moment là, la dimension sociale du film a été laissée de côté.


Au final, à ne vouloir travailler les choses qu’en périphérie et à ne choyer que les enrobages, ce film se retrouve du coup avec un abominable cœur vide, ce qui m’a empêché tout du long de m’intéresser pour lui.


Et pour le coup, c’est un beau gâchis, surtout quand on voit que certaines scènes se révèlent parfois assez chiadées visuellement (je pense notamment au concert chez les vampires) ou bien quand on s’attarde sur ce final assez nerveux qui avait vraiment pas mal de souffle en termes de rythme et d’envie.


Bref, encore une fois, comme face à la B.D., je resterai face à ce film avec autant de questions et d’incompréhensions. Autant d’énergie et d’envie déployés dans un projet aussi bancal, j’avoue que ça me scie un peu…

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le 2 nov. 2017

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