Ce polar franco-sud-africain constitue une agréable découverte. Le réalisateur Jérôme Salle, dont j'avais seulement vu l'honorable "Anthony Zimmer", a la réputation d'un faiseur talentueux mais pas très subtil.
Or si "Zulu" manque parfois de finesse dans son scénario, le film bénéficie d'une portée historique et politique aussi pertinente qu'inattendue. D'ailleurs "Zulu" fut diffusé en clôture du festival de Cannes 2013, ce qui laissait augurer de réelles ambitions formelles et thématiques.
De plus, cette adaptation du best seller de Caryl Férey offre une brillante étude de caractères, puisque ses deux héros font preuve d'une véritable complexité, porteur de failles psychologiques lourdes, marqués chacun à leur manière par les heures sombres d'un passé pas si lointain.
En effet, l'apartheid est au cœur du film, qui a le mérite d'éclairer certains aspects oubliés, tel que l'abominable Coast Project, ou encore de rappeler le fonctionnement de la commission "Vérité et réconciliation".
C'est curieusement dans sa dimension "thriller" que le film déçoit un peu : l'histoire démarre efficacement, l'intrigue à tiroirs se développe progressivement, mais ne décolle jamais vraiment, faute d'un ou deux rebondissements majeurs.
Un mot sur les deux têtes d'affiche US, convaincants dans des personnages plutôt bien écrits : Forest Whitaker campe un descendant zoulou marqué au fer rouge par l'apartheid, tandis que Orlando Bloom incarne son partenaire badass au bout du rouleau.
Les seconds rôles sud-africains sont au diapason, et les magnifiques paysages locaux viennent sublimer l'ensemble.
Et puis, c'est quand même agréable un blockbuster dans lequel un flic peut être alcoolo au dernier degré, dans lequel on baise sans garder ses sous-vêtements, et dans lequel la crasse et la misère ne sont pas enjolivés.