Avec le temps... avec le temps va...
Braid est un jeu plus compliqué qu'il n'y parait, je l'ai plutôt vécu comme un puzzle game que comme un plate-formeur, les références à Mario sont là, dans le gameplay, les goombas (quand tu sautes sur un champignon à pattes et à dents pour le tuer t'as le droit de pas trop douter sur la référence ouais) etc... mais en réalité, de par sa mécanique le jeu tient plus du casse tête, des pièces de puzzle à récupérer, pour les récupérer il faut jouer avec le temps, chaque tableau est thématique et demande de maîtriser un outil ou une variante de la gestion du temps différente un peu comme chaque donjon d'un Zelda se focalise sur un nouvel accessoire. Braid est donc un jeu à dominante puzzle et mineure plate-forme 2D qui réussi à donner un challenge intéressant, certaines énigmes donnent du fil à retordre mais le tout n'est pas transcendant. Les mécaniques en elles mêmes ne font pas de braid un jeu incroyable et inoubliable.
Braid est à mon sens une oeuvre, une vraie, c'est sa direction artistique qui vient en faire un jeu excellent et une expérience unique. L'histoire est à mes yeux très intéressante et poétique, pleine de remords et de regrets.
Le personnage principal, à chaque passage de tableau passe devant des écrits morcelés, manifestement les siens, les textes racontent une histoire décousue, un amour perdu, elle est partie, il la cherche, il fouille sa mémoire pour retrouver celle qu'il aime et qu'il a perdu. C'est avec la promesse de la retrouver et de la sauver que l'on part en quête du passé de notre héro, les souvenirs du protagonistes sont remis en place au travers des pièces du puzzle que chaque niveau cache et qu'il faut reconstruire, chaque pièce du puzzle est récupérée après avoir résolu une énigme du niveau, énigme axée autour de la gestion du temps.
Les textes laissent deviner petit à petit l'intrigue, le passé du personnage et ses motivations autour de thématiques qui sont liées à ses capacités dans chaque tableau, le rejet, la frustration etc...
Attention ça va commencer à spoiler si vous ne l'avez pas encore terminé, c'est le moment d'aller le télécharger !
Le personnage est torturé, ses émotions dénotent de l'archétype du héro surtout dans les arcs narratifs où le protagoniste sauve sa "princesse", il est rare de voir un personnage partir dans l'introspectif pour secourir la demoiselle en détresse, rare de voir le doute et les regrets dans ce style scénaristique, cela commence à mettre la puce à l'oreille, quelque chose cloche.
La fin du jeu nous propose un tableau dans lequel il faut aller sauver la princesse, la retirer des griffes du monstre qui l'a capturé. La fin approche, vous avez secouru votre bien aimée et votre quête prend fin... mais ce n'est pas la fin. La scène que vous venez de vivre se rejoue, cette fois en sens inverse et les rôles sont changés. C'est vous qui poursuivez la princesse, c'est de vous qu'elle était captive en réalité, c'est le "monstre" qui la sauve de vos fautes.
Braid est une oeuvre qui vient tirer sur la remise en question, le doute, le regret, la réalisation de ses erreurs et dans l'introspection. L'exercice est compliqué mais lorsqu'il est exécuté avec brio, le rendu est incroyable, j'ai vu du coin de l’œil un autre critique évoquer des similitudes avec Eternal Sunshine Of The Spotless Mind et en effet, les thématiques rappellent bien l'excellent film de Gondry.
Outre son histoire, Braid marque par ses graphismes qui tirent vers l'impressionnisme, une bande son de qualité (il m'est arrivé de passer en boucle le morceau "downstream") et une atmosphère générale particulièrement réussie.
Braid en termes de gaming pur est un bon jeu qui ne m'a pas marqué outre mesure, il s'avère cependant que le gameplay est en fait là pour servir l'histoire et aider à mieux la comprendre, la problématique du temps, la volonté de modifier le passé reste une chimère et les erreurs sont éternelles.