Braid
7.7
Braid

Jeu de Jonathan Blow, Hothead Games et Number None (2008PC)

Braid est l'une de ses petites perles qui nous font comprendre pourquoi le jeu vidéo peut être formidable.

Dès l'écran titre, on est saisi par les couleurs et les graphismes très artistique. Composé par un vrai artiste, non figé sans apparaître concret, l'aspect visuel insaisissable illustre les songes et rêves de l'esprit. Les décors sont très détaillés mais laisse une clarté de progression du personnage absolue. Rien n'est confus dans Braid, on sait où l'on va, où s'agripper, où sauter. Tim, personnage incarné est d'un charme fou part sa simplicité visuelle. Un costume noir, une cravate rouge, des cheveux roux, il n'en faut pas plus pour faire un héros. Idem pour les ennemis. Des lapins roses carnivores, de grosses boules à pics avec un air de hérisson portant des chaussures, des plantes sortant de tuyaux à la Mario. Ici, aucunement besoin d'un bestiaire foisonnant, le jeu se complexifie avec ce qu'il a et c'est largement suffisant.

Les déplacements sont d'une simplicité absolue. On ne peut pas faire moins compliqué. Cependant, l'originalité et l'importance de Braid ne réside pas dans le contrôle du personnage mais dans le contrôle de l'espace-temps. Tout le gameplay est fondé sur la possibilité de remonter le temps. A tout moment, de façon illimité et par une simple touche, vous pouvez stopper l'action pour la rembobiner. De là découle un très grand nombre de possibilités en ajoutant des zones où notre personnage n'est pas affecté par le voyage temporel, pareil pour certains éléments du décor avec lesquels nous pouvons interagir (portes, clés). Il est tout simplement impossible de mourir dans Braid. Vous avez mal prévu votre saut et tombez sur des pics mortels ? Le temps se stoppe en attendant que vous le remontiez jusqu'aux secondes précédents votre saut. Le jeu se base sur l'apprentissage de ses erreurs. Vous avez mal calculé la trajectoire de saut, recommencez. Le tout devient parfaitement intuitif puisque la jouabilité est enfantine.

Ce qui est formidable dans Braid, c'est que cette faculté à remonter le temps est liée à l'histoire. Entre les différents tableaux que composent ce jeu, des petits morceaux de narrations sont proposés au joueur. Le tout n'a pas de sens, on ne comprend rien, on ne voit pas où cela nous mène, rien de semble construit logiquement. Pourtant, c'est une fois le jeu fini que l'on peut enfin s'intéresser à ce qui est de plus génial dans ce jeu : le sens caché. Tout est sous nos yeux mais on ne comprend rien. Il faut se tourner vers les analyses faites sur internet pour voir le sens métaphorique du jeu. Braid signifiant Tresse, on comprend alors que l'histoire du héros cherchant sa princesse est liée à une seconde histoire bien plus réelle et complexe.

Une autre force de ce jeu est sans conteste sa part artistique. Outre les graphismes colorés et très plaisant par leur charisme unique, c'est vers la bande son qu'il faut se tourner pour voir un nouveau point terriblement important. Je parle bien sûr des musiques. Crées avant le jeu et sans aucun rapport avec ce dernier, elles ont été choisies et achetées à l'unité par le développeur ce qui les rends totalement juste dans leur rapport à l'univers de Braid. La couleur musicale, l'ambiance qui s'en dégage ne fait que renforcer une atmosphère déjà forte. La bande son est si plaisantes que l'on a peine à utiliser l'anneau magique permettant de modifier la vitesse de déplacement de tout ce qui s'en rapproche, musique y compris.

Une fois le jeu terminé, il ne reste que deux choses à faire : soit le recommencer, soit chercher les étoiles cachées dans les différents niveaux. Rassembler ces étoiles est extrêmement difficile, pour tout dire, il est presque impossible de toutes les trouver par soi-même. Cette quête permet d'achever la splendeur de cette œuvre en nous faisant accomplir ce que faisait Tim : rechercher avec une détermination sans borne, déraisonnable, un but incertain dont on ne discerne pas les contours. Tim faisait preuve d'acharnement en sacrifiant ce qui l'entourait, le joueur fera de même pour obtenir ses étoiles, l'une d'elle nécessitant tout de même deux heures d'attente pour l'obtenir. C'est réellement davantage un moyen de faire ressentir au joueur ce que vivait Tim qu'un défi à part entière.

Minimaliste et parfait jusqu'au bout, Braid propose ce que trop peu de jeux offres. Une aventure concise mais terriblement intense. Un final grandiose et entrainant clôture cette œuvre sans pareille nous laissant dans l'attente du prochain jeu de Jonhatan Blow.

Sans conteste l'un des meilleurs jeux de cette génération.

Créée

le 1 sept. 2011

Critique lue 323 fois

Naoki38

Écrit par

Critique lue 323 fois

D'autres avis sur Braid

Braid
fabprems
9

Voyage onirique dans le temps

Doit-on être pénalisé par ses erreurs ? Ou bien faut-il y voir une occasion d'apprendre, de s'améliorer ? En jouant avec les codes du jeux vidéos (la princesse et ses "tresses" sont évidemment dans...

le 7 août 2010

35 j'aime

3

Braid
Navo
10

Critique de Braid par Navo

Un jeu que beaucoup de gens présentent comme parfait. Et je les comprends. Le level design est incroyable et chaque énigme demande une réelle réflexion sans jamais "tricher" (tricher, comme ces...

Par

le 11 déc. 2010

14 j'aime

1

Braid
Odin
4

Mince...

Je dois être le seul à ne pas avoir aimé Braid... Je m'explique vite fait : J'aime pas la direction artistique que je trouve assez laide et pas abouti... ça fait amateur... Désolé, je trouve pas ça...

Par

le 13 juil. 2011

14 j'aime

27

Du même critique

Le Temps de l'innocence
Naoki38
9

Une oeuvre originale mais ultra fidèle

La première chose qui frappe en voyant Le Temps de l'innocence est son immense fidélité à l'œuvre originale de Wharton. Le moindre détail, la plus petite description est retranscrit par Scorsese dans...

le 2 oct. 2011

13 j'aime

4

Instinct
Naoki38
9

Underrated

Je suis assez surpris du peu de considération qu'a pu recevoir ce film auprès des membres de Senscritique. Instinct n'est en rien plus mauvais qu'un film comme L'armée des 12 singes qui a pourtant...

le 26 juil. 2013

11 j'aime