"Un jeu tactile qui pourrait convenir à ma fille" Tim Schaffer
J'aime :
- Indubitablement, la direction artistique du jeu est magnifique. Certains n'aimeront peut-être pas, cela m'enchante particulièrement.
- Les musiques ne sont pas les meilleures du genre, mais au-dessus de ce que l'on trouve dans les jeux-vidéos modernes. On sent une certaine influence de Christophe Héral, ce qui n'est certainement pas pour déplaire.
- Le doublage.
- L'univers de Shay est très attachant, bien pensé et amené.
-Une fin de premier acte très fine.
Je n'aime pas :
- Incroyablement court. Il m'a fallu un peu moins de quatre heures en prenant mon temps ; il est donc possible de tabler sur 8 heures avec l'acte deux. Si l'on compare à une odyssée comme The longest journey, on reste vraiment sur sa faim.
- La principale conséquence de cette durée de vie est forcément le scénario qui n'a pas même le temps de décoller. On aimerait qu'il se passe bien davantage, que les engagements varient, que l'histoire avance. Rien de tout cela : c'est ingénieux, mais sans développement.
- Syndrome de la conception tactile du jeu et de l'extrême simplification, l'interaction avec l'univers souffre immensément. On ne peut interagir qu'avec très peu de choses ; ne vous attendez pas, comme avec Guybrush, à cliquer partout pour entendre des remarques pleines de saveur et combiner des tas de trucs dans tous les sens. Les énigmes sont rapides, évidentes, efficaces. On ne trifouille jamais ; c'est ce qui faisait pour moi la force de Monkey Island par exemple et cela manque ici.
- Je trouve l'univers de Vella inconsistant, donc moins attachant. Cela ressemble plus à un patchwork de bonnes idées balancées en vrac qu'à un monde à part entière.
- Je suis globalement déçu par l'écriture. C'est bien écrit (c'est du Tim Schaffer adouci), mais rien ne reste vraiment après ce premier acte. Il n'y a pas de personnages secondaires forts qui arrivent à la cheville de Stan, Crow, etc. Une fois encore, le manque de développement est le premier responsable, car rien n'évolue.
Comme le présentait Schaffer, Broken Age se voulait un jeu tactile qui pourrait convenir à sa fille. C'est un jeu magnifique, mais peu onirique, car sans engagement et sans évolution. Si l'on veut faire rêver, je préférerais mille fois conseiller un p&c comme The longest journey, où tout est juste meilleur. Si l'on considère que le public visé est différent (de jeunes enfants à qui l'on voudrait présenter de beaux et bons jeux), Broken Age est partiellement une réussite. Pour un vieux de la vieille du genre, il ne reste qu'une belle somme de bonnes idées, de magnifiques peintures, mais trop de limites.
Je ne peux recommander pleinement sans avoir joué à l'acte 2. Certes, je mets une note positive, car Broken Age reste juste au-dessus de la mêlée si l'on compare à la pauvreté scénaristique actuelle, toutefois, je ne peux m'empêcher d'être déçu pour le moment. Je m'attendais à une grande aventure, pas à 3 heures un peu passives.