On est fin septembre 2020 au moment de la rédaction de cette critique et vient tout juste de paraître sur Switch « Super Mario 3D AllStars » ; cette compilation sortie pour célébrer les 35 ans du célèbre plombien moustachu ; compilation sur laquelle se retrouve d’ailleurs ce fameux « Super Mario Galaxy ».
Et l’air de rien, cet évènement m’a permis de prendre conscience d’une chose qui m’échappait un peu jusque là.
Parce qu’en lisant et regardant les retours faits au sujet de cette compilation, je me suis rendu compte qu’autant les deux premiers opus « Super Mario 64 » et « Super Mario Sunshine » pouvaient être critiqués – le premier pour l’absence d’effort accomplis par Nintendo pour le toiletter un peu et le second pour le parti-pris de jouabilité qu’il avait osé prendre à son époque – autant de l’autre côté j’ai constaté qu’un jeu ressortait systématiquement avec les éloges, et ce jeu c’est justement ce « Super Mario Galaxy ».
C’est dingue comment ce jeu bénificie à chaque fois de véritables panégyriques, parfois même sans explication comme si la chose devait être évidente pour tous.
Non pas que je ne sois pas d’accord avec ça – loin de là – mais c’est juste que, d’une part je n’avais absolument pas conscience du niveau d’aura dont bénéficiait ce jeu et, d’autre part, je m’étonnais qu’au fond personne ne prenne vraiment la peine d’expliquer pourquoi « Super Mario Galaxy » était à ce point vénéré.
Or je pense que cette dernière question mérite justement qu’on s’y penche un peu.
Pourquoi, d’un certain point de vue, « Super Mario Galaxy » est une sorte d'aboutissement absolu de la saga ?
(...du moins en 3D.)
Alors je tiens tout de suite à préciser une chose.
Récemment, dans ma critique de « Super Mario 64 » j’avais dit que cet épisode N64 était LE monument ; que c’était un jeu révolutionnaire sans (presque) aucun équivalent et que, d’ailleurs, il siégeait fièrement dans mon Top 10 jeux-vidéo de tous les temps, alors que ce « Super Mario Galaxy » n’y figure pas/(plus).
Je n’entends pas revenir sur cette position – je me suis déjà suffisamment expliqué là-dessus surtout que - c’est vrai - ce « Super Mario Galaxy » ne tient pas la comparaison avec son prédécesseur pour ce qui est de la force d’impact qu’il pu avoir sur moi comme sur toute l’histoire du jeu vidéo.
Malgré tout, je me dois bien de reconnaître une chose, c’est que « Super Mario Galaxy » est une version clairement plus aboutie que « Super Mario 64 » en termes de platformer 3D et que – mieux que ça – il parvient à faire ce que tout le monde attendait à l'époque de « Super Mario Sunshine » mais d’une manière bien plus consensuelle : il est parvenu à ouvrir un nouveau champ d’exploration dans l’univers Mario.
Au premier abord, on pourrait se dire que tout le succès de ce jeu tient à ses fameux planétoïdes.
Et c’est vrai que, à bien tout poser, c’est juste l’idée du siècle.
Il suffit de voir une démo pour comprendre que cette idée va bouleverser toute la mécanique d’un Mario mais sans pour autant rompre avec ce qu’est vraiment un Mario.
C’était sur ce point là (entre autres) que l’épisode « Sunshine » avait divisé son monde. Un jeu où Mario ne faisait pas que sauter mais se devait aussi de se déplacer en jetpack, c’est sûr que c’était un brin iconoclaste.
Alors que là, avec ce « Super Mario Galaxy » on revient aux sources du gameplay d’un Mario, mais sans pour autant refaire « 64 ».
Et ce qui est fort c’est que tout l’intérêt de la chose se perçoit en seulement quelques secondes.
Moi je me souviens bien qu’à l’époque il ne m’avait seulement suffi que de quelques images pour me faire monter en température comme rarement.
C’était du génie…
…Purement et simplement.
Et ce qui est fou c’est que c’était vraiment le premier jeu à faire ça.
Chaque planète était plus ou moins grosse, plus ou moins ronde, plus ou moins creuse, ce qui fait que l’impression de découverte étaient permanente.
Et comme un niveau était toujours plus ou moins composé d’une petite flopée de ce planétoïdes-là, la sensation ne s’en retrouvait que décuplée.
Je pourrais franchement m’attarder sur cet aspect du jeu car clairement c’est bien lui qui est la pierre angulaire du plaisir qu’on peut prendre à parcourir cet épisode, malgré tout ce n’est pas ce que je vais faire.
Car si – une fois de plus – l’inventivité du gameplay et du level design fait la principale force d’un jeu « Mario », il se trouve ici que ce n’est pas seule.
Et l’air de rien, avec du recul, je me dis qu’on sous-estime peut-être le rôle clef que joue un aspect auquel on s’intéresse pourtant souvent très peu dès qu’il s’agit d’un jeu avec notre fabuleux pombier : son univers.
Bah oui… Et je vous l’avoue : moi-même ça me scotche un peu d’avoir à dire ça.
Je le redis d’ailleurs pour bien y croire moi-même : je suis persuadé que l’univers et l’atmosphère générale de ce « Super Mario Galaxy » participent grandement au plaisir qu’on prend à parcourir ce jeu.
Parce que l’air de rien il y a quand même une belle cohérence dans ce monde chamarré.
Les niveaux sont des planètes, elles-mêmes regroupées dans des « mondes » qui sont des systèmes solaires. De temps en temps une étoile filante modifie les particularités d’un niveau. D’autre fois c’est l’explosion d’une jeune étoile trop nourrie qui fait apparaître une nouvelle galaxie. Et tout ça est joignable de part un observatoire… Non mais franchement : tout colle admirablement bien.
Alors vous allez me répondre « ouais bon ça va, il n’y a pas de quoi s’extasier non plus. Ce n’était pas comme si c’était l'idée la plus géniale de l’histoire du jeu vidéo quand-même ! » Et vous auriez raison.
Sauf que la force de ce jeu c’est que cette cohérence se retrouve absolument partout, et pas seulement dans ces seules idées que je viens d’évoquer. On la retrouve aussi dans les couleurs, dans les musiques (par ailleurs magnifiques), dans le gameplay, dans le « gamefeel ».
Puisque « Super Mario Galaxy » est un jeu où on a souvent tendance à sauter d’une planète à une autre, on ressent que toute la direction artistique a été tournée autour de l’idée d’une valse gracieuse et dynamique au milieu d’une harmonie stellaire.
L’air de rien, par cette démarche, « Super Mario Galaxy » emboîte le pas de ce que son prédécesseur « Super Mario Sunshine » avait déjà cherché à installer avant lui.
C’était cette idée comme quoi « Super Mario » ne pouvait se contenter d’être un simple enfilement de mondes discordants comme pouvait l’être « Super Mario 64 ». Dans un monde vidéoludique où « Super Mario » est sans cesse copié, il fallait que celui-ci sache aussi se démarquer par une identité visuelle et par un ton.
Et l’identité que Nintendo a voulu imprimer dans ses « Super Mario » c’est visiblement la détente, le bon temps, l’exigence mais sans le stress.
On explore, on s’amuse, et d’ailleurs quand le jeu nous résiste on en sourit.
Dans « Sunshine » c’était les vacances qui avaient été choisies comme thématique. La détente dans l’absolu.
Dans ce « Galaxy » on a privilégié l’obervation, la contemplation. L’harmonie.
Et pour le coup c’est vraiment la cerise sur le gateau tout cet univers. C’est ce qui fait qu’on à l’impression de jouer à un jeu total.
Ce que je vous avance là j’en suis d’autant plus convaincu qu’il y a quelques années, je me suis risqué à découvrir sur le tard la suite de ce « Super Mario Galaxy », bêtement intitulé « Super Mario Galaxy 2 » sorti en 2010 sur Wii.
Eh bien figurez-vous que, dès le début, j’ai trouvé que quelque chose clochait. Je n’étais pas dedans…
Les niveaux étaient très chouettes, à n’en pas douter, j'y ai d'ailleurs par moment beaucoup de plaisir, mais j’avais l’impression malgré tout d’enchainer les tâches sans passion. D’ailleurs, ce « Super Mario Galaxy 2 » je ne l’ai même pas fini. Je l’ai arrêté en cours de route, chose très rare chez moi pour un « Mario. »
Eh bah je vous le donne dans le mille, je pense qu’une des principales raisons qui m’a laissé un peu sur le bas-côté, c’est l’absence d’univers. L’absence de cohérence globale.
Dans l’opus 2 on ne retrouve pas d’élégante introduction veillant à poser l’atmosphère et l’intrigue, on ne retrouve plus de carte sous forme de galaxies mais un banal chemin tracé dans le ciel comme dans un vieil épisode NES, on ne retrouve pas de narration ou de travail global dans la cohérence artistique de l’univers…
Tout l’inverse de « Super Mario Galaxy » premier du nom en somme…
Et si l’effet de redite a clairement joué en défaveur de ce « 2 », je pense malgré tout que cette négligeance portée sur l’univers de cette suite n’en a que davantage fait rejaillir l’importance de cet aspect chez son prédécesseur.
Donc oui, « Super Mario Galaxy » est un chef d’œuvre. Un aboutissement certain. Là-dessus je ne vous apprends rien.
Mais saluons quand-même le tour de force qu’on vénère en fait ici.
Certes, l’idée centrale de ce jeu autour de planétoïdes est clairement le cœur du succès qu’a rencontré ce titre, ainsi que la principale raison de l’amour qu’on lui a porté, mais néanmoins sachons voir à quel point Nintendo a su avoir sur ce titre un parfait sens de l’équilibre.
D’un côté le studio kyotoïte est parvenu à revenir aux bases de « Super Mario » satisfaisant ainsi les aigris du précédent opus, mais de l’autre il est parvenu aussi à surfer sur les chantiers ouverts par « Sunshine », qu’il s’agisse du travail sur l’univers et l’atmosphère que de cette volonté de renouveler systématiquement le gameplay de cette licence pourtant phare et installée.
L’air de rien, une harmonie comme ça, que ce soit dans le fond, la forme ou bien encore dans le timing, peu de jeux peuvent s’en vanter.
Même encore aujourd’hui, je crois que j’en ai assez de mes deux mains pour lister les jeux qui l’égalent et le surpassent sur cette question.
Pas étonnant au fond que sa ressortie en 2020 fasse encore à ce point l’unanimité.
D’ailleurs ce n’est pas tout ça mais moi, le simple fait de vous reparler de ce jeu, ça me donne comme une étrange envie de me rapprocher de ma Switch et d'un certain « Super Mario 3D Allstars » sorti il y a peu. ;-)