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Un bon divertissement, perfectible et sans grande cohérence

The Witcher 3 est, avec ses deux DLC inclus, un des jeux vidéo sur lesquels j’ai passé le plus de temps, avec plus de 130 heures au compteur, ce qui n’est pas peu dire quand la plupart des jeux ne me retiennent en général pas plus d’une dizaine d’heures. Est-ce surprenant venant du GOTY 2015 ?


Oh que oui, parce que contrairement aux récurrentes fadaises des faquins de la presse vidéoludique, la création de CD Projekt Red est très, mais alors, très loin du chef-d’œuvre. C’est un produit qui a commis l’exploit de me faire oublier ma mortalité le temps de sa lente consommation, mais qui laisse dans ma bouche un arrière-goût de peut mieux faire et d’impertinence.


La première chose qui frappe, manette en mains, c’est à quel point l'œuvre nous fait faire d’innombrables choses sans jamais qu’aucune de ces choses ne soit vraiment réussie dans leur exécution. Mis-à-part le gwynt, dans ce jeu on marche, on court, on se déplace à cheval, on se bat à l’épée et on utilise la vision d’aigle pour interagir avec des objets. Je vais commencer par ce dernier point, qui est à la fois le plus faible et le moins dérangeant.


Geralt de Riv, à l’instar d’un Bruce Wayne sans le sou, va régulièrement enquêter sur des scènes de meurtre ou autre. Ces phases de jeu sont vraiment des énigmes du pauvre. On ne demande jamais au joueur de faire fonctionner ses méninges pour assembler différentes pièces du puzzle et en tirer ses propres conclusions, non. On se contente de balader le sorceleur dans la pièce, appuyer sur croix devant une grosse flaque rouge et écouter passivement le dialogue qui s'ensuit. On est plus face à une histoire interactive que du jeu, mais comme je l’ai dit, c’est ce qui m’a le moins dérangé. Gerald est un homme à la personnalité travaillée qui exerce son métier depuis d’innombrables années. Être dans la peau du témoin plus que de l’enquêteur met certes une distance entre le joueur et le jouet, mais c’est également un moyen de mettre en avant celui qu’on incarne. Au-delà de tout ça, ces phases sont également des respirations qui servent le rythme du jeu.


Je suis par contre beaucoup moins convaincu des déplacements et des combats. Pour un jeu où l’on va d’un point A à un point B, il est certes agréable et fluide de voir Ablette transpercer le vent dans des lignes droites au milieu d’un paysage dégagé, ça le devient beaucoup moins quand notre monture s’arrête brutalement et hennit face au moindre obstacle ou dénivelé. De plus, ce monde ouvert souffre du même mal que beaucoup de ses confrères : le syndrome GPS. Parce que l’espace de jeu est fait de telle sorte que la compréhension de sa structure n’est pas intuitive, on est en dépendance constante des petits pointillés blancs qui nous amènent à notre prochain objectif. On ne va jamais quelque part parce qu’on a compris où se rendre et comment s’y rendre, on s’y rend parce que c’est là que le marqueur nous indique de nous rendre. J’ai essayé de m’en distancer et de jouer sans la mini map, mais les chemins beaucoup trop tortueux et la dense végétation qui nous empêche de voir au loin rendent la tâche quasi impossible. Le résultat est qu’on interagit avec le monde ouvert toujours à travers le prisme de l’interface, ce qui est un peu un frein à l’immersion.


Et puis viennent les combats, qui sont censés être le cœur du jeu. Et là, le meilleur compliment que je puisse faire est que c’est perfectible au possible. Au-delà du délai entre le début du coup d’épée et le moment où celui-ci frappe qui me fait me demander comment un tel style de combat n’a pas causé la mort de tous les sorceleurs il y a plusieurs siècles, les hitboxes, surtout avec les monstres, sont giga aléatoires. Des fois on se prend un dégât sans avoir l’impression d’avoir été touché, parfois un coup nous passe au travers sans rien nous faire. Inversement même constat, avec plusieurs fois des coups d’épée qui passe au travers de mes ennemis sans rien leur faire, et des fois qui leur font quelque chose mais avec un feedback tellement discret que j’en viens quand même à me demander si mon coup a touché ou pas. Le plus embêtant reste quand même le combat en lui-même, rarement très engageant. Cela est dû au fait que le pattern des hommes ou monstres que l’on affronte est toujours très limité. Même certains boss parfois importants ont un répertoire d’attaque limité à trois coups différents. Le jeu essaie de réhausser la difficulté en transformant ces adversaires en éponge à dégâts, mais ça empire le problème. Vu qu’on comprend très vite comment notre opposant fonctionne, voir sa barre de vie descendre plus lentement transforme juste l’affrontement en combat d’endurance.


Alors voilà, The Witcher 3 est un jeu où on se déplace péniblement et où on se bat avec un œil ouvert, mais les problèmes ne s’arrêtent pas là.


En effet, ce qui me frappe le plus avec ce jeu, c’est l’écart entre ce qui semble être ses intentions et le résultat du produit fini. De ce que je comprends, le jeu vise à nous mettre dans la peau d’un sorceleur expérimenté à la personnalité bien installée pris dans une course contre la montre pour sauver sa fille. Alors pourquoi est-ce un jeu de rôle ? Pourquoi est-ce un monde ouvert ? Comment suis-je censé me mettre dans la peau du boucher de Blaviken quand je suis niveau 5 et que je me fais éteindre par un bandit niveau 15 ? Pourquoi est-ce que j’ai 12000 quêtes annexes que je peux faire à tout moment et où c’est des fois même nécessaire pour monter des niveaux ou rassembler une certaine somme d’argent quand je joue contre le temps pour retrouver ma fille adoptive avant la chasse sauvage ? Pourquoi est-ce que j’ai le choix dans la manière de me comporter avec les gens quand Geralt est déjà un personnage avec ses propres traits et motivations ? D’ailleurs, puisqu’on en est là, pourquoi me faire chier à dépenser des milliers de couronnes pour choper une armure de sorceleur de grand maître quand deux secondes plus tard je vais looter des bottes de brigand avec de meilleures statistiques ?


The Witcher 3 m’a vraiment donné l’impression d’être un pauvre gosse foutu au milieu de deux parents se disputant et essayant de tirer l’enfant de leur côté. Plutôt que de me proposer une expérience avec une intention limpide, j’ai eu l’impression de débarquer dans une création schizophrène ne sachant pas vraiment ce qu’elle cherchait à proposer et me tiraillant dans tous les sens. Quoi que je fasse, j’avais l’impression de trahir une partie du jeu. Quand je suivais la quête principale, pressé à l’idée de retrouver Ciri, je me sentais mal pour toutes les petites quêtes que j’esquivais, mais quand je suivais une de ces quête ou m’arrêtais pour faire une partie de gwynt, je culpabilisais à l’idée de passer du bon temps alors qu’Eredin était sur le point de mettre la main sur une personne qui m’étais chère. Au lieu de faire des choix dans le jeu qui me paraissaient juste, comme dans tout RPG, j’essayais de prendre la décision qui me semblait coller le mieux à ce que je comprenais du personnage que j’incarnais.


Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer un monde où The Witcher 3 a la forme de son fond. Un monde où le jeu commence de manière dirigiste le temps de trouver Ciri avant de s’ouvrir dans le End Game quand on est plus pressé par le temps. Un monde où au lieu d’être un stupide RPG de merde où la difficulté est dicté par ton niveau et tes stats, The Witcher 3 est un jeu qui se rapproche de ce que fait Monster Hunter où l’on affronte des monstres avec des hitboxes fonctionnelles et où la difficulté est surtout dictée par notre compéhension des comportements riches et divers de la créature que l’on combat ainsi que de l’environnement dans lequel on combat.


Mais en attendant, ce n’est pas ce qu’est The Witcher 3. C’est un jeu un peu bancal qui a tout de même réussi à me tenir en haleine pendant plus d’une centaine d’heures. Et je pense que celà est dû à deux choses : l’écriture et l’univers. Le monde que l’on parcourt est vraiment incroyable. Velen est laide mais elle est magnifique dans sa laideur. L’ambiance, les villages que l’on traverse avec les habitants qui ont leur propre routine, l’habillage sonore, tout est incroyable. Skellige m’a un peu moins convaincu dans ce qu’elle propose, déjà parce que se déplacer en bateau c’est chiant et parce que toute cette partie semble avoir été intégré dans le jeu au chausse-pied, mais Novigrad est une des villes dans un jeu les plus fascinantes tant elle foisonne de vie et est une prolongation parfaite de la région de Velen. Même la région de Toussaint, qui m’a un peu moins accroché avec ses tons criards, est un véritable plaisir à parcourir.


Et puis, qu’est-ce que l’écriture est bien, avec son intrigue constamment engageante porté par des personnages toujours prenants. Ciri est une petite déception et ne m’a pas vraiment touchée plus que ça, mais je me souviendrai longtemps, en bien comme en mal, des personnages de Geralt, Yennefer, ou encore Dijkstra (je l’ai tué mais ça reste un bon gars).


Alors oui, je peux dire que dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment, mais je ne peux pas m’empêcher de repenser à à quel point les journalistes de jeux vidéo sont une fraude, eux qui ont dressé ce jeu ok plus comme le plus grand jeu de 2015, alors que la même année sortait Arkham Knight, Undertale, Ori and the Blind Forest, The Phantom Pain et surtout Bloodborne nom de dieu.


Mais vazy oklm.


Panineohm
7
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le 16 juil. 2024

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Panineohm

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