Je m'étais dit que ce jeu était inintéressant au point de ne pas être motivé pour en faire une critique. Mais il se trouve que sa moyenne est à 7.8 et qu'il a l'air d'être beaucoup trop encensé, donc je me suis dit que j'allais quand même jeter un pavé dans la mare.
« To the Moon, c'est avant tout une histoire », nous informeront les défenseurs de l'œuvre. Effectivement. Mais il est facile pour une œuvre de ruiner son scénario si elle n'en prend pas soin. Or, To the Moon n'a vraiment que son scénario pour lui, le reste étant médiocre.
Je me fiche de savoir avec quoi a été réalisé le jeu : si c'est moche, c'est moche. Pour le coup, les sprites sont très peu attrayants. Le jeu n'a pas de personnalité graphique. Les musiques sont mignonnettes mais quelconques, et ne brillent en aucun point, si ce n'est qu'elles ne sont pas dérangeantes et qu'elles passent bien en guise d'ambiance.
Le jeu, quant à lui, est un échec en tout point : les déplacements sont lents et pénibles, que ce soit à la souris ou au clavier (mais c'est moins pire au clavier). Les puzzles sont inintéressants. C'est tout bêtement un point'n'click pour enfant, et de piètre qualité qui plus est. L'histoire n'a donc clairement pas choisi le bon format : s'il n'y avait pas eu de gameplay du tout, j'aurais peut-être mis un point de plus, c'est dire (je l'aurai simplement compté comme visual novel, et je le fais déjà en réalité).
To the Moon veut nous narrer l'histoire d'un vieillard agonisant qui fait appel à Sigmund Corporation, une société qui se charge de rendre les gens en fin de vie heureux en modifiant leurs souvenirs de façon à ce qu'ils aient réalisé leur rêve si ça n'avait pas été le cas. Le joueur est donc amené à parcourir les souvenirs de Johnny (le vieillard) un à un, du plus récent au plus ancien, afin qu'il puisse aller sur la Lune.
Une histoire vraiment sympathique en soi, avec des efforts de mise en scène (la façon dont le métier d'astronaute n'est qu'une construction d'idées reçues de Johnny, par exemple)... mais ce sera tout. Les dialogues sont souvent lourds et kitsch, sans personnalité (à l'image des graphismes, en réalité), saupoudrés d'un humour lourd et d'un côté tire-larme très déplaisant. Ce sont donc bien eux qui gâchent le scénario plus qu'autre chose tant ils sont maladroits.
On passera aussi sur la caricature de l'autisme de River (qui ne s'assume même pas apparemment, puisque personne n'utilise le mot « autisme » mais prend des détours pour le dire) et sur tous les détails inutiles qui servent à donner un semblant d'étoffe au scénario. C'est d'autant plus triste que ces détours auraient été pardonnables avec un meilleur script.
Pour faire simple, un bon scénario sur le papier ne veut pas dire que le produit final sera bon. Une histoire banale peut vraiment faire vibrer son audience si elle a une réalisation qui sait la mettre en valeur. Inversement, un très bon scénario peut se retrouver ruiné si le reste ne suit pas. C'est clairement le cas de To the Moon.