Un deuxième tome qui se lit toujours très facilement et avec plaisir (d'où la jolie note de 7/10), mais qui se situe à mes yeux un bon cran en-dessous du premier volet.
Pourtant le début du livre s'avère réjouissant, s'inscrivant dans la lignée du précédent : on retrouve toute la verve de Pierre Lemaître pour esquisser des personnages accrocheurs (attachants ou détestables) et des situations intrigantes - parfois inspirés de personnalités ayant vraiment existé (Jules Guilloteaux alias Maurice Bunau-Varilla) et de véritables faits divers (le scandale de la Banque Commerciale de Bâle).
Mais plus on avance dans la lecture, plus va s'installer une certaine déception : l'intrigue se révèle un peu simpliste (et presque sans lien avec "Au revoir là-haut", c'est dommage), la plupart des rebondissements sont attendus, et une certaine bien-pensance se dévoile progressivement à travers les thèmes abordés (féminisme, pédophilie, condamnation des élites, de la guerre...). Ainsi, Lemaître se montre un brin démagogue à l'occasion, ne reculant pas devant certains effets un peu grossiers.
L'ensemble reste toutefois de bonne tenue, d'autant que les personnages bénéficient tous d'une certaine complexité, mais on a connu l'auteur plus mordant et plus inspiré.
Ce qui vient rehausser les "Couleurs de l'incendie", ce sont les divers clins d'œil à l'actualité contemporaine, les liens que le livre met en évidence entre les problématiques des années 30 et celles de notre début de XXIème siècle : collusion d'intérêts au sein des élites politico-économiques, bulle spéculative à l'image du pétrole roumain, recherche de bouc-émissaires responsables de la crise...
Si la magie d'"Au revoir là-haut" n'est pas au rendez-vous, ce deuxième volet de la trilogie des "Enfants du désastre" constitue néanmoins un honnête roman historique destiné au grand public, inspiré notamment des écrits d'Alexandre Dumas, référence assumée de Pierre Lemaître.