Je ressors partagée de cette lecture.
D'un côté je ne peux m'empêcher de trouver que Sylvain Tesson "se regarde écrire" et je me suis parfois demandé s'il n'était pas parti pour écrire ce journal plus que pour tout autre raison, il l'avoue presque à demi-mot lorsque crapahutant sur une énième crête à gravir il confesse que si l'on veut tenir un journal de bord, il faut bien avoir des choses à y raconter.
Pourtant c'est lorsqu'il s'arrête de grimper un peu partout que son écriture se fait la plus belle je trouve, évoquant la beauté du Baïkal qui transparaît à travers ses mots, contant la glace, la solitude, la chaleur utérine d'une cabane dans les bois surchauffée quand au dehors rugit la tempête, l'intrusion de pêcheurs ivres qui semblent tous s'appeler Volodia... Là il me transporte, m'embarque avec lui et fait émerger encore plus fortement qu'à l'accoutumée la difficulté que je ressens, et de manière grandissante avec l'âge, à supporter mes semblables.
Donc oui, Sylvain Tesson se la raconte autant qu'il raconte, mais je n'en trouve pas moins le personnage sympathique, sorte de grand enfant bourré de contradictions, qui part dans une cabane au fond des bois avec un stock impressionnant de ketchup Heinz, qui recherche autant la solitude que de descendre des verres de vodka avec les rares autochtones...
Qui s'émerveille devant une mésange et se torture à savoir s'il vaut mieux laisser fuir l'instant où le figer en la photographiant (notez que le temps de se triturer les méninges à ce propos, la mésange à sûrement fui à tire d'ailes).
Alors oui, Sylvain Tesson se met en scène, aime un peu trop les aphorismes et peut agacer par moment, il n'empêche que son journal est totalement dépaysant.
J'ai presque aperçu le Baïkal de mes yeux par moment.
Et quelqu'un qui se nourrit presque exclusivement de pâtes ne peut pas être complètement mauvais.