La danse des ombres intérieures
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le 21 juil. 2024
Je sais même pas comment tourner mes phrases pour pas salir le projet d’Akwaeke Emezi dans ce roman.
C’est tellement violent, sombre et beau que j’ai lu/écouté tout comme si j’avais cinq ans et qu’on me racontait une histoire vieille de mille ans.
J’ai jamais pris le temps de m’intéresser à la culture nigérienne, encore moins à sa mythologie. Je peux vous dire que malgré l’embrouille du début à comprendre quoi foutre où et qui était qui c’était pas évident.
J’avais tellement envie de poursuivre que c’est devenu une évidence, un déclic. Le truc qui poppe dans ton corps comme si les narrateurs faisaient finalement parti des voix intérieures qui viennent cogner de temps en temps, bien à l’abri, sous ton crâne.
L’Ada est une femme, née femme en tous cas on en est certain. Elle est aussi le réceptacle de plusieurs divinités aux facettes multiples qui se disputent ses émotions, ses peurs, ses angoisses, ses pulsions. Toutes ces personnalités frèresoeurs tentent de faire ce qu’ielles peuvent avec l’Ada qu’on pourrait croire marionnette mais pas tant que ça au final.
Akwaeke Emezi met des mots sur des choses que j’avais jamais lu avant, mais tout génie soit-elle, elle te révèle. Je te jure qu’elle te révèle. Faut s’accrocher, ça parle de viol, d’inceste, de ruptures amoureuses, de suicide, de rejet de la société en tant que minorité et pourtant je te jure que ça fait écho.
Qu’elle soit homme ou femme, peu importe le moment l’Ada te transperce, te retourne, t’éblouis, te bouscule, te fait te sentir honteux. Super honteux.
Putain. Quitte à enfoncer des portes ouvertes et dire les choses avec plus de maladresses que certains savent faire (j’en ai rien à secouer tkt) ; c’est pas évident de percer le spectre mainstream de la littérature.
On te sort ton bouquin suivant son potentiel aura, saisonnalité à l’appui, avec un budget com qui diffère suivant la qualité de ton roman ou de qui t’es et si tu rapportes assez de thunes.
Eau Douce est sorti début février 2020, autant te dire qu’on croyait en lui autant qu’une pub pour mycoses des pieds, diffusée à 3h30 du mat’ « pour lui donner sa chance ».
Heureusement qu’avant les libraires certains représ te parlent de ces potentielles pépites, et qui ont le talent pour t’en parler, assez en tout cas pour diffuser l’envie. Des représ qui font bien leur taf et un réseau de consoeurs (oui pardon y’a aucun mec qui m’a parlé de ce livre, ce qui est une putain de honte), consoeurs curieuses de voir évoluer ce spectre, cette possibilité d’être le plus inclusif possible.
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Créée
le 1 juin 2020
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