Un googolplex de bonnes idées
Les enfants héros de romans, un peu naïfs, un peu surdoués, trop attachants et trop parfaits, je me méfie. Surtout quand ils s'appellent Oskar et qu'on dirait que l'auteur veut nous faire bouffer son roman grâce à lui.
Mais Foer ne tombe pas dans cette dérive. C'est vrai qu'Oskar a tout pour plaire, qu'on retrouve quelques traces de "Je suis original, j'ai moins de 10 ans et je le sais", mais il est suffisamment fragile et touchant pour qu'on s'attache à lui et à sa quête.
Et puis il n'y a pas que lui, dans ce livre, il y a aussi ses grands-parents qui prennent la parole à tour de rôle pour raconter leur histoire. Au début, ils sont franchement lourds. On n'y comprend rien à leur style sans couleur, sans ponctuation, sans relief. Une sorte de paquet d'émotions brutes, emmêlées et indissociables... Puis cette histoire qui date d'une autre vie, et qui se mêle sans qu'on sache pourquoi à celle-ci, les bonds dans le temps, ce gars qui ne peut pas parler... C'est orignal, c'est sûr que ça apporte une dimension supplémentaire, mais c'est lourdement amené. Par la suite, ça devient plus touchant, plus compréhensible. Peut-être parce qu'on arrive dans la vie d'Oskar et que les deux histoires se rejoignent. Enfin.
Ce qui était vraiment très bien, c'était le traitement de l'objet-livre. On a l'impression que ce livre n'en est pas vraiment un, qu'il se transforme au gré des divagations et des délires des personnages, qu'il intègre leurs images, leurs folies, leur pensées, leurs vides...Tout ça sur fond de 11 septembre, de traumatisme et de balafres dans la vie des gens. C'est pas mal du tout, vraiment. Il lui manque un peu de prendre aux tripes, et d'avoir un chemin un peu mieux défini, mais les idées sont là, clairement.