C'est un excellent livre.
Le genre de livre plutôt riches, qui mêle les genres, et qui donne envie de lire d'autres livres, qui donne envie de se cultiver tout en vous cultivant, et rien que ça, c'est une qualité importante.
Ajoutons une intrigue... intrigante et on peut vite être pris dans l'ouvrage...
MAIS...
C'est aussi le fruit de son époque, et comme Lovecraft à son époque, Simmons cède aux sirènes de la facilité concernant certains aspects de son propos de fond.
Soyons clair : je déteste les nazis, mais je déteste encore plus la manière dont ils sont utilisés dans la littérature et les médias la plupart du temps, car on en fait trop souvent des clichés unidimensionnel tout juste bon pour être jeté en pâture aux héros et être désigné coupables. Hors s'il y avait bien quelque chose pour lequel les nazis étaient doués, c'étaient bien ça, utiliser et instrumentaliser des clichés pour obtenir des réponses réflexes de leurs auditoires. Et là, Simmons fait exactement cela en utilisant ces vilains. Ce qui rend le propos fondamental de son livre bancal, voire carrément branlant.
Simmons est clairement doués pour la littérature, mais en terme d'histoire et de politique, il montre très vite ses limites.
En gros, il dépeint un futur où les musulmans intégristes sont responsables de la destruction virtuelle du monde. Mais dans le même temps, il les désignent comme étant des fanatiques et des obscurantistes ultimes.
Ce qui, dans les faits, ne fonctionnent tout simplement pas : comment un califat global qui aurait donné accès à la post-humanité, créer des missiles à trou noir, vaincre l'Europe et l'Amérique et j'en passe pourrait-t-il réellement être aussi obscurantistes et n'offrir rien de bon où même accomplir quoi que ce soit de technique...
Et je ne parlerais même pas de mettre sur le phénomène de l'antisémitisme sur le seul dos de l'Islam, quand il ne s'offre pas un petit carton gratuit sur le socialisme ou le communisme vite fais bien fais...
Alors je veux bien qu'un auteur ait des opinions, mais là, c'est caricaturale justement...
C'est pourquoi ce livre sonne ultimement faux. Les antagonistes sont inintéressants, même si j'ai trouvé les protagonistes attachants.
Au final, je crois que ce livre est la représentation finale de ce que Simmons tente de faire : une rapiéçage de l'histoire littéraire rattaché grossièrement à un futur fantasmé, mais au final, dépourvu d'autant de nuance qu'un épisode de JAG...
Simmons aura manqué une vraie grandeur littéraire de peu...