Amour et mariage : norme sociale absurde
Quand j'ai appris que le livre allait être adapté au cinéma, je me suis dis que ça allait faire exactement la même chose que pour 1984. On va garder la partie romanesque et virer toute la dimension réflexion, développements d'idées, le plus important en somme. J'ai pas encore vu le film puisqu'il n'est pas encore sorti mais je ne vois pas très bien comment ils peuvent faire pour garder le plus important du livre qui se trouve hors l'histoire vécue par l'auteur.
Parce que oui, finalement on en a rien à faire des amourrettes de l'auteur. Je m'en contre-fou qu'il divorce pour se mettre avec une donzelle aux longues jambes. Je m'en fiche aussi qu'il sorte le soir et rentre en pleine nuit défoncé par l'alcool et la drogue.
Non, le plus important c'est tout ce qui ressort de ça. L'important ce n'est pas de nous raconter sa vie mais d'en partager les conclusions et réflexions. Ce qu'il faut retenir du livre c'est que le sentiment amour est autant une norme sociale qu'un fait purement physique à base de réactions chimiques dans notre corps. L'amour éternel n'existe pas, c'est une simple création de la société, déjà au moyen âge avec la fine'amor. Aimer quelqu'un n'est qu'apprécier cette personne pour ce qu'elle est à un moment donné. Et puisque cette personne reste un être humain, elle évoluera forcément avec le temps, devenant un être qu'on n'appréciera pas forcément. C'est ça l'idée principale qu'il faut garder du livre. Cela s'étend bien sûr au mariage, norme sociale absolue qui est agité comme une réussite relationnelle alors qu'elle n'est qu'un non sens sur patte. Jurer fidélité et amour à une personne alors qu'on ignore ce qu'elle peut devenir, on fait pas plus con sérieusement.
Il est juste dommage qu'après 180 pages de morosités et de pessimisme, Beigbeder tombe dans le bon sentiment et se rallie finalement à croire en l'amour. Tout ce qu'il dit, ou presque, est très juste mais son livre se termine sur une note d'optimiste, comme s'il voulait croire à ce que la société lui pend au nez en sachant que tout cela ne peut être.
Sinon le livre dans son ensemble est écrit comme tout livre actuel. On sent un effort de rédaction mais certaines facilités d'écritures tirent un peu vers le bas la qualité.