Je crois que dès les premières pages j’ai été séduite par le personnage de Meursault, homme impassible, apathique, inébranlable, à la fois complexe et transparent mais aussi touchant. Tout le long du roman on assiste à son évolution avec quelques sursauts d’émotions à la fin.
En plus de cette représentation de l’homme fataliste, nihiliste et désintéressé, j’ai été frappée par la subtilité de la narration. Selon moi, ce qui fait le charme de ce roman, c'est qu'il y a une réelle ambigüité entre un narrateur interne à la fois omniscient bien que Meursault soit le narrateur du début à la fin. Il est sans aucun doute le narrateur interne de cette histoire, mais ce manque d’émotion entraine une vision de narrateur omniscient qui ne fait qu’observer sa propre vie et la décrire, un narrateur-personnage très laconique qui se contente de décrire sa situation, il est bien étranger.
Néanmoins, Meursault n’est pas un personnage totalement vide. Et si toute son indifférence face aux événements illustrait son désarroi causé par une dissonance avec une société trop illogique et inintéressante ?
Bien que sa nonchalance soit vraisemblablement le motif de sa mort. Meursault nous montre de temps en temps un soupçon d’émotion : lorsqu’il voit Marie, lorsqu’il est avec elle, lorsqu’il nous décrit la prison. Même si les principales émotions exhibées sont des plaintes de la chaleur insupportable qui frappait sa tête, il parvenait à désirer Marie, et réussit à nous donner des leçons sur le bonheur. Mais c’est surtout à la fin du roman que Meursault s’humanise : lors du procès, lorsqu’il a froid, lors de sa tirade jusqu’à son exécution.
L’étrangéité de Meursault et l'absurdité de la société mélangées à une écriture claire, simple mais réfléchie et appliquée font que s’identifier à ce personnage, rentrer dans l’histoire et enfin apprécier cette histoire sont des choses simples qui nous semble à nous, lecteurs, tout à fait naturelles.