Tâtez de mes saucisses, 20 cm de paradis.
Persuadé d'être un écrivain raté, John Kennedy Toole se suicide en 1969. La Conjuration des Imbéciles, livre qu'il considérait comme son chef d’œuvre, lui survit et gagne un succès mondial.
Et il faut bien dire que le roman porte bien son nom. C'est d'une bêtise incroyable. Les personnages sont extravagants au possible et donnent lieu à des situations fa-bu-leu-ses. Ignatius a 30 ans passés, vit au crochet de sa mère et souffre d'un important complexe de supériorité. Quand je dis "important", c'est peu dire : son personnage est ahurissant de mauvaise foi, tête-à-claques par excellence, au physique fantastique (ses "grosses pattes" m'ont bien fait rire). Il passe ses journées à écrire dans des cahiers Big Chief des raisonnements et des critiques sur la société contemporaine, citant Boèce, répugnant toute activité physique (son anneau pylorique, comprenez).
Sauf qu'un jour, sa mère en ayant marre de le voir trainer et mettre un bordel pas possible, le charge de se trouver du travail. Inutile de dire ce que cela va donner, fous rires en perspective... Des lettres enflammées à cette péronnelle de Myrna aux mouvements de conquête du monde par les gays de la Nouvelle-Orléans, il va y avoir de quoi faire.
Sans entrer dans les détails, ce livre est vraiment très drôle. Le style de Toole régale à chaque page : les tirades hautaines d'Ignatus, les dialogues en argot de la plupart des personnages ("communisse !!", les descriptions ironiques et sarcastiques de toute la société des années 1960... Tout est extravagant mais très bon, de bout en bout. Seul problème : on ressort de certains chapitres avec un mal de crâne affreux et une furieuse envie de taper dans quelque chose tellement certaines situations donnent envie de hurler devant tant de pathétisme (dans le bon sens du terme, évidemment).