⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Il n’y a jamais eu qu’un seul auteur pour moi qui ait su mélanger la poésie à la prose. Après Tolkien, il n’y a jamais eu personne qui ait pu insuffler à un roman une vie propre. Ce n’est plus vrai car après avoir refermé le livre d’Alain Damasio, les dernières pages sont encore imprimées dans mon esprit. Impossible d’étouffer l’énergie qui m’a portée jusqu’au bout pour lire d’une traite les 700 pages. La frénésie du contre est toujours là, accompagnée d’un vide et une envie d’aller plus loin, pour continuer d’accompagner les personnages et connaître leur devenir. La nostalgie vous prend à la fin du récit. En dehors du style littéraire et de l’originalité de l’œuvre, c’est la force de Damasio : immerger son lecteur au point que lorsque la quête se termine, celui-ci se retrouve face au même manque éprouvé par ses personnages, comme un Golgoth dépouillé qui chercherait à contrer au-delà de la ligne de contre, quand tout s’est arrêté. La quête finie, la question se pose à nous : que reste-t’il au-delà du dépassement de soi, quand tout est accompli ? Comment vivre, survivre et appréhender le monde lorsque l’ultime limite est dépassée ? Comment avant tout parvenir à ce bout du bout ? Que sont le sacrifice et l’abnégation ? L’ensemble du livre est porté par ces questions qui donnent un souffle magique à cette œuvre inclassable. Si vous n’avez pas lu La Horde du Contrevent, je vous conseille au moins d’essayer ; si vous arrivez à dépasser les 300 premières feuilles (c’est déjà pas mal…), vous ne pourrez pas faire autrement que de continuer jusqu’à la page 0. Avant quoi, il vous faudra vous familiariser avec le vocabulaire très particulier de Damasio, qui peut paraître indigeste et pourtant tellement immersif. Vous butterez sur de nombreuses descriptions et sur les dialogues croisés des personnages aux tempéraments si différents. L’œuvre est belle, on sent que le travail de préparation et d’écriture a été long et douloureux pour arriver à faire battre le cœur de tout cet univers. Le livre est habité, je ne peux pas dire mieux, car il m’habite encore, il transmet ce vif, cette passion de l’écriture et de la lecture, cette volonté de rêver et de rendre le monde plus merveilleux encore qu’il ne l’est. Oui, c’est un livre très difficile à lire. On s’y trouve projeté sans repères, hormis le marque page si vous l’avez. Donc attention à la démotivation, car Damasio nous parle comme si tous les concepts et l’environnement décrits nous étaient familiers. L’élocution de chaque protagoniste lui est propre, donc il n’y a pas de linéarité dans l’expression. Certains passages vous sembleront inutiles et bien trop longs ; pourtant ils vous feront traverser toute la géographie de ce monde soufflé par les vents jusqu’au twist final qui mérite de patienter pendant 700 pages. Plongez-vous dans cette œuvre mystérieuse. Pour ma part, je n’ai pas croisé depuis très longtemps un livre (et pas seulement un livre de SF) avec une force tragique et une poésie aussi profondément marquées.

Ko_Eun-Chan
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Livres SF

Créée

le 11 mars 2016

Critique lue 250 fois

1 j'aime

Critique lue 250 fois

1

D'autres avis sur La Horde du contrevent

La Horde du contrevent
Hypérion
8

Mythe de Sisyphe polyphonique

Enfin le contre s'achève. Sur une pirouette prévisible dès les premières pages, confirmée en cours de lecture, mais qu'importe. Le rugueux voyage du conte de La horde du Contrevent est une fin en soi...

le 21 sept. 2011

257 j'aime

31

La Horde du contrevent
Chaiev
8

Avis de tempête

Se lancer dans la lecture d'un livre soutenu par un tel bouche à oreille positif relève de la gageure, quand comme moi, on est taraudé par un étrange a-priori négatif découlant du fait que tout le...

le 8 déc. 2010

162 j'aime

23

La Horde du contrevent
Alyson_Jensen
9

Le 24ème hordier

# Ajen, lectrice Jusqu'au bout. Je n'ai guère de souvenirs de ma rencontre avec la 34ème horde. Tout était dévasté. Ou en passe de l'être. Oroshi m'expliqua par la suite que nous avions survécu au...

le 16 mai 2017

110 j'aime

13

Du même critique

Sharktopus vs. Pteracuda
Ko_Eun-Chan
1

Critique de Sharktopus vs. Pteracuda par Jessica Sabatini

Pardonnez-moi mon Père car j'ai pêché: j'ai critiqué Sharknado et lui ai attribué une note de 2/10. Mais après avoir regardé cette daube sidérale qu'est Sharktopus vs/ Pteracuda, je me repens. Je ne...

le 11 sept. 2014

4 j'aime

1

Le Lecteur de cadavres
Ko_Eun-Chan
7

Critique de Le Lecteur de cadavres par Jessica Sabatini

Voilà un livre original, qui sort des sentiers battus et surexploités des enquêteurs médico-légaux et pseudo-profilers qu'on retrouve de plus en plus de nos jours dans la littérature américaine...

le 14 oct. 2015

3 j'aime

My Cousin Rachel
Ko_Eun-Chan
5

La veuve qui rap-tout

Ahhh la campagne anglaise, avec ses moutons et ses vertes étendues où il ne fait pas bon de longer les falaises. Ses prés de jacinthes bleues et ses grands domaines. Ses demeures où résonne toujours...

le 29 août 2017

2 j'aime