Le 26 avril 1986 la centrale de Tchernobyl explose. La Biélorussie est le pays le plus gravement touché par la catastrophe, c'est la pays de Svetlana Alexievitch. Dix ans après l’exposition, elle recueille les témoignages des victimes. Elle nous les livre dans un ouvrage qui s’intéresse moins aux faits et aux chiffres qu'aux vies de ceux qui l'ont subi de plein fouet, La supplication.


Le premier témoignage, qui sert de prologue, est celui de la femme d'un pompier qui raconte le calvaire de son mari. Il fut l'un des premiers sur les lieux après l’explosion. Ni protégé, ni informé des risques encourus, il a subi de plein fouet les irradiations. Sa femme raconte son calvaire et ces innommables souffrances. C'est presque insoutenable à lire, on oscille entre douleurs et colère. Après ce prologue, on comprend que la lecture de ce livre va être difficile, révoltante et qu'on en sortira pas indemne.


On entend ensuite les voix des gens restés sur place par méconnaissance des dangers ou par refus de quitter leur terre. Ils racontent comment leurs vies ont basculées et comment autour d'eux tout le monde tombent malades. Ils ne peuvent pas croire aux radiations tant la nature est belles, tant c'est un mal invisible et sournois. Ils n'ont pas été aidés ou informés des dangers et des précautions à employer. Les conséquence vont se faire sentir sur plusieurs générations et la mort demeurera omniprésente encore de nombreuse années. Les enfants apprennent à vivre avec, à s'accommoder d'un avenir bien sombre.


On comprend très vite que l'état soviétique a étouffé le problème. L'URSS c'est le collectif avant tout, il n'y avait pas de place pour l'individu seul. Celui-ci doit endurer et taire ses souffrances pour le bien de la nations. Alors personnes ne pensent à protester quand les convocations pour aller nettoyer la zone arrivent. Le nucléaire c'est la modernité et l'avenir donc rares sont ceux qui ont réellement connaissance du problème et encore plus rare ceux qui osent le dire. C'est une menace invisible dont les liquidateurs, nom donnés à ceux qui nettoyaient le zone, ne verrons les conséquences qu'a leur retour. Ils sont conscients de mettre leur vie en danger mais ne savent pas dans quelle mesure. La vodka devient un antidote, un trompe la mort, un moyen d'oublier qu'on joue avec sa vie. L'alcool et les discours de l'état pour mieux fermer les yeux sur l’imminence du désastre.



Non, ce n'étaient pas des criminels, mais des ignorants. Un complot de l'ignorance et du corporatisme.



Avec cette compilation de témoignages, l'autrice ne cherche pas à réécrire l'histoire des autres, elle est la passeuse entre les victimes et nous. C'est leurs paroles brutes qu'elle nous offre. Il y a parfois des choses qui se répètent, des questions auxquelles nous n'avons pas de réponse et des hésitations mais c'est d'autant plus vrais et poignant. Ce n'est pas un dénonciation frontale du système mais l’accumulation de doléances et le cynisme de certaine situation nous présentent un système arc-bouté sur ses principes et en plein déclin. Tant de vie auraient pu être sauvés, c'est un incroyable gâchis.



Nos responsables avaient plus peur de la colère de leur supérieurs que de l'atome.



J'ai eu du mal à écrire cette chronique car le sujet est dur et se fut une lecture éprouvante. Je me suis rendu compte que je savais peu de choses sur Tchernobyl finalement. Je n'ai cessé de penser à l'explosion de Fukushima lors de ma lecture. Combien de catastrophe faudra t-il encore pour qu'on envisage de réellement sortir du nucléaire ? C'est un peu comme-ci nous étions assis sur des bombes à retardement. Je vous invite à aller jeter un œil sur le site de l'association Sortir du nucléaire ici. Ils recensent les incidents nucléaires en France et on se rend compte que chaque mois il y a un "problème" dans une des centrales de notre pays. Bref, un avenir radieux se dessine avec le nucléaire...

Anaïs_Alexandre
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le 21 oct. 2018

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