Dire de la prose De Balzac qu'elle est descriptive est une évidente tautologie. Mais on a affaire ici à une véritable leçon d'histoire de l'art : Frenhofer, vieux peintre un peu fou et à l'aura mystérieuse au possible n'a de cesse que d'énumérer les grands peintres des siècles passés, leurs oeuvres et ce qu'elles ont de fabuleux, de caractéristique. Il va sans dire que les descriptions et les portraits sont très précis, même pour ce qui relève de la peinture, les nombreuses notes de bas de page sont ainsi qu'une aide précieuse. le vocabulaire très technique pourrait rendre la lecture moins aisée, sorte d'obstacle, mais au contraire cela contribue à la principale ambition de ce livre : donner que le fond prenne finalement forme ! le texte se doit de prendre véritablement vie, comme le tableau du livre se doit présenter non plus une représentation de femme, mais que la femme se détache véritablement de la toile et des couches de couleurs. Les descriptions, les portraits, les amas de commentaires technique sur l'art dynamisent le récit, font danser la forme narrative même devant nos yeux de lecteur. Cela sert également de contre-balancier fasse à la magie surréaliste de ce conte. L'édition Libretti du Livre de Poche ne s'est pas trompée en plaçant en postface le conte « La Leçon de violon » d'E.T.A. Hoffmann, un des grands noms du romantisme sombre allemand. Courant où le fantastique trouvait une résonnance particulière.
En définitive, ce Balzac-là, de part sa forme condensée, est une petite bombe artistique ; tout sauf ennuyeux, même si l'on n'est pas forcément amateur du style et des longueurs balzaciens. Une prose envoûtante.