A Champleure, un coin reculé de la campagne, Quentin un traducteur, Anaïs et leurs trois enfants viennent d’emménager dans leur nouvelle demeure. La famille pense avoir trouvé un havre de paix. C’était sans compter la curiosité des voisins, un vieux couple qui s’intéresse à la vie et à l’histoire des nouveaux venus. Au fil des jours s’établit un lien ambigu entre ces personnages.
Mon avis :
Ce livre est arrivé un peu par hasard dans ma pile à lire. Il y a quelques mois, j’ai sauté le pas et testé les fameuses box littéraires qui commencent à fleurir sur la toile. Le site EXPLORATOLOGY propose de faire découvrir chaque mois un ou deux romans qui tournent autour d’une thématique. Lorsque j’ai vu arriver celui-ci, j’ai été un peu (soyons sérieux : « très très ») déçue et décontenancée par la couverture digne d’un remake hardcore et gadouilleux de l’amour est dans le près. Ce bleu terne et cette photo de chaussures d’agriculteur boueuses ne me donnaient pas envie de me plonger à corps perdu ma lecture. Le titre énigmatique n’a pas aidé non plus. Ce qui fait que, bien vite, le livre s’est retrouvé esseulé au fond de l’étable.
Heureusement, mon tyrannique système pour faire baisser mes chefs d’œuvre en attente à fait émerger de la botte de foin cette petite pépite pleine de campagne et de voisin qui sentent la naphtaline. Habituellement, je ne m’attarde pas outre mesure sur l’aspect extérieur d’un livre, mais ici je voulais m’insurger contre ce désastreux travail d’édition qui dessert complètement l’œuvre qu’elle renferme !
On découvre dans ces pages une narration à deux voix qui alterne au rythme de rapides chapitres. D’abord, celle d’un vieux voisin curieux qui guette avec sa commère de femme l’arrivée des nouveaux qui, de la ville, viennent s’enterrer dans cette campagne inhospitalière. De l’autre, la voix d’Anaïs, la fameuse nouvelle venant se mettre au vert avec son mari et une fratrie de trois bambins. Chaque épisode est narré à travers ces deux voix qui installent mystère, surprise et déposent peu à peu les jalons de l’histoire. Plus l’intrigue avance et moins on sait qui détester ou à qui se fier. L’auteur nous réserve d’heureuses surprises qui contrastent agréablement avec nos attentes : des départs à l’aventure en forêt qui rappellent l’enfance, un petit être poilu qui va réunir tout un chacun, une belle enfant simple et fascinante et même un inquiétant cerf. Les ragots du village et les espoirs de la nouvelle famille vont se faire barrage. Mais à ces ennuis rationnels se mêlent aussi la magie et les légendes d’un autre temps avec le conte lugubre et quelque peu grivois de « La Bichelle » …
La situation banale de départ du roman se transforme petit à petit en thriller intriguant. Les événements s’enchainent sans qu’on les voit venir. Un régal surprenant à dévorer au chaud, dans l’idéal, chez vos aïeux, dans une maison qui craque et qui grince avec une bonne flambée de bois et une grosse tartine de confiture maison.