Autant le dire tout de suite, je ne m’attendais pas à ça. Quand mon prof m’a donné le sujet de mon exposé qui portera sur le roman : analyser les interprétations de l’Odyssée dans Le Mépris, je dois dire que j’ai reporté l’échéance de la lecture au maximum. Première erreur. La deuxième étant de ne pas m’être moi-même penchée sur ce roman (penser avoir pu passer à côté de ce petit bijou me donne envie de pleurer). Parce que tout y est... L’écriture poétique, juste et tellement mais tellement touchante, les personnages intéressants, la favorisation de la réflexion... Tout. Le principe est pourtant simple : un homme se rend compte que sa femme se détache de lui et s’engouffre peu à peu dans le désespoir. Oui, le principe est simple, mais Le Mépris donne plus, tellement plus à son lecteur qu’une banale histoire de cœur. Le pire étant que je ne peux, que je n’arrive pas à mettre de réels mots sur l’émotion qui m’a saisie durant cette lecture. Riccardo qui aime profondément sa femme, pour qui il est prêt à se sacrifier glisse lentement dans la folie. Tiraillé entre son amour pour le théâtre et son travail qui le répugne mais lui assure de quoi s’acquitter de sa dette, et partagé entre l’amour fou qu’il voue à sa femme et leur divergence de point de vue, il se retrouve finalement face à deux obstacles majeurs : le mépris de sa femme et l’adaptation de l’Odyssée. Il se trouve mentalement éloigné de tous ceux qui l’entourent, et le lecteur est plongé dans cet éloignement et cette incompréhension qui le conduisent tout doucement vers la folie. Chaque personnage, qu’il s’agisse de Rheingold, Battista ou même Emilia perdent de leur couleur sous l’analyse d’un Riccardo auquel est obligé de s’identifier le lecteur qui n’a d’autre point d’ancrage que sa propre vision sur le monde. Le point culminant du roman reste à mon sens le changement des rapports entre les personnages, et l’analyse de ces changements d’attitude, comme si pris au piège de leurs sentiments, ils ne parvenaient plus à s’écouter. La fin, qui arrive de façon aussi catastrophique que si le lecteur vivait réellement la chose suffit à clore en beauté une histoire qui ne l’est pas. Les dernières phrases du personnage principal, dont je ne suis pas sûre d’avoir perçu l’entière essence laissent la porte ouverte à différentes interprétations. Mais même si j’aimerais croire en une interprétation teintée d’espoir, cette dernière ne me convainc pas entièrement. En définitive, le roman nourrit les souvenirs de Riccardo qui trouve dans cette écriture une forme de paix, tandis qu’il donne au lecteur toutes les clés pour réfléchir à sa propre conduite. C’est en tout les cas de cette façon que j’ai vécu cette lecture qui m’a forcée à revenir sur certaines de mes façons d’agir et ce même si je n’ai que 20 ans...
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