Chine, 1967
Alors que le pays traverse une révolution culturelle d’une ampleur sans précédent, Ye Wenjie, brillante étudiante en physique, se retrouve mise au ban de la nouvelle société Chinoise.
Par un étrange concours de circonstances, la jeune scientifique va se retrouver isolée et enfermée au sein d’une énigmatique base militaire répondant au nom de Côte Rouge. Sans le savoir, elle aura entre ses mains expertes rien de moins que le futur de l’Humanité.
En 2020, Wang Moi, épaulé par le commissaire Shi Qiang, enquête sur une mystérieuse vague de suicides sévissant exclusivement au sein de la communauté scientifique mondiale.
Le dernier suicide en date va rapidement le mettre sur la piste de Ye Wenjie et le faire participer à une curieuse simulation virtuelle créée dans un seul but : résoudre le « problème à trois corps », une énigme capable de définir la destinée du genre humain.
Avant toutes choses, un avertissement essentiel : NE LISEZ PAS LA QUATRIÈME DE COUVERTURE !!
Le résumé est une catastrophe et ce pour une raison bien précise : il dévoile toutes les révélations du dernier tiers du roman sans le moindre respect.
La quatrième est en réalité une synthèse de toute l’intrigue de Ye Wenjie et il s’agit du meilleur moyen de faire capoter l’ensemble des twists du roman.
Ce problème réglé, que dire de ce livre ? J’avoue que j’avais quelques appréhensions à lire un prix Hugo, les derniers prix m’ayant relativement déçu. Que se soit la SF humoristique à la Redshirt ou la SF faussement-complexe de Ann Leckie.
Et bien Liu Cixin offre un livre à la qualité indéniable.
Il s’agit d’un livre de Hard-SF avec une pléthore de concepts scientifiques, parsemé d’idées philosophiques et saupoudré d’un enrobage de polar historique loin d’être inintéressant. Concrètement nous sommes face un livre foisonnant de détails sur les sciences et l’histoire chinoise mais qui ne tombe jamais dans le travers de nuire à la fluidité de sa propre intrigue.
Non seulement, le roman propose une vision enrichissante de la science, des mathématiques et de la culture chinoise mais il se permet également d’offrir au lecteur une histoire intrigante, captivante et qui ne souffre pas d’interminables digressions propres à de nombreux livres du même genre. Le problème à trois corps se lit avec plaisir et il est très difficile de s’arrêter une fois commencé. L’auteur manie habilement le suspense à travers un croisement pertinent des 2 différentes époques et des révélations qui tombent souvent au bon moment pour éviter l’essoufflement prématuré de l’intrigue.
Les péripéties s’enchainent et ne se ressembles pas : une équation à résoudre, une sympathique conversation avec un Newton et un Von Neumann virtuels, une enquête policière dans les rues de Pékin, la vie triste et sordide d’une opposante politique dans les années 60, la destruction de centaines de civilisation virtuelles.
Le tout forme le fameux « Problème à trois corps », un enchevêtrement de situations qui ne se montre jamais assommant ou grotesque.
Liu Cixin maitrise sa petite horlogerie à la perfection…ou presque.
Car malheureusement, il y a un point ou le livre se révèle perfectible à mes yeux : ses personnages.
Si le début offre une perspective encourageante, cette dernière est rapidement balayée par l’éparpillement de l’intrigue qui empêche tout développement psychologique des protagonistes.
1 ou 2 traits de caractères mis à part, les personnages se transforment rapidement en personnage-fonction sans réelle motivations. Il y a une impression de marionnettes désincarnées, comme si les individus n’ont pas de véritable vie en dehors des pages du livre, comme s’il n’avait pas de profondeur.
Par exemple, le personnage Ye Wenjie, qui est au centre du récit, devient un personnage inintéressant dans l’intrigue du XXIe, comme si l’auteur n’arrivais pas à lui trouver un rôle à la hauteur de son talent. De ce fait, ses motivations deviennent floues et ses interactions avec les autres personnages de l’intrigue apparaissent comme faussement-naturelles, ce qui impact fatalement l’image des autres personnages.
Après, je n'exclue pas la possibilité que mon ignorance des codes culturels chinois impactent directement sur ma compréhension des protagonistes. C'est même très probable.
Cela se révèle frustrant mais qu’importe, le plaisir de lecteur est toujours là !
Le problème à trois corps est donc un livre que je recommande chaleureusement.
Malgré ses quelques maladresses, le roman regorge de bonnes idées et dresse un tableau nuancé et passionnant de la Chine Communiste tout en offrant une intrigue palpitante, généreuse dans son développement.
Je ne parle pas non plus de la grosse valeur ajoutée du livre : la découverte de la Science-fiction chinoise et l’immersion culturelle au sein de cette société.
Intriguant, passionnant, bien rythmé et intelligemment mené « Le problème à trois corps » est le premier tome d’une trilogie qui s’annonce d’ores et déjà remarquable et ce, à plus d’un titre.
Une belle découverte !
PS : Une adaptation cinématographique est prévue et j’avoue que j’attends impatiemment de voir l’époustouflant chapitre 17 prendre vie sur un écran.