Chine, 1967. En pleine Révolution culturelle, le professeur de physique Ye Zhetai, accusé d’avoir enseigné les théories réactionnaires de la relativité générale, de la physique quantique et du Big Bang, est mis à mort par des gardes rouges sous les yeux de sa fille, la jeune astrophysicienne Ye Wenjie. Deux ans plus tard, alors qu’elle travaille en tant que bûcheronne au sein du corps de production et de construction de la Mongolie-Intérieure, elle est recrutée pour intégrer un mystérieux projet radioastronomique sur la base militaire secrète de Côte Rouge. Pékin, 2007. Une vague de suicides touche les scientifiques. Les particules dans les accélérateurs semblent avoir soudain cessé d’obéir à des lois. Le chercheur en nanotechnologies Wang Miao, qui pratique la photographie argentique durant son temps libre, voit apparaître sur ses photographies un compte à rebours en heures-minutes-secondes…
Le Problème à trois corps est un des plus gros succès de la littérature de science-fiction du XXIe siècle, succès aussi bien critique que commercial. L’auteur, Liu Cixin, est une véritable légende de la SF en Chine, où il a remporté le prix le plus prestigieux dédié au genre (le Galaxy Award) à neuf reprises ! Les attentes du lecteur sont donc grandes en ouvrant un livre précédé d’une si belle réputation, et elles sont en grande partie rencontrées.
La structure du roman, alternant deux époques, permet de créer un mystère passionnant qui va tenir le lecteur en haleine jusqu’aux derniers chapitres du livre. Ceux-ci ouvrent d’ailleurs des perspectives alléchantes pour le tome suivant. Tout le récit fourmille de bonnes idées, qu’il est très difficile de développer ici sans divulguer les différents rebondissements. Disons simplement que les concepts astrophysiques sont audacieux, les aspects politiques sont pertinents, ainsi que leurs liens avec la psychologie profonde de certains des personnages clés. La toile de fond chinoise de l’histoire ajoute encore au dépaysement des lecteurs occidentaux, même si c’est au prix de références parfois difficiles à saisir. Les personnages possèdent des contours extrêmement bien dessinés, malgré la passivité de certains d’entre eux.
Les chapitres les plus faibles du roman sont probablement ceux consacrés au jeu vidéo des Trois Corps, qui tient pourtant un rôle central dans le récit : un peu longuets, parfois confus, outranciers, oniriques, déstabilisants. L’idée est bonne, une fois de plus, mais sa réalisation manque un peu de clarté et de lisibilité.
Publié en 2008, prix Hugo du meilleur roman en 2015, traduit en français en 2016, Le Problème à trois corps est de la très bonne hard science à la sauce chinoise : c’est à la fois passionnant et exigeant, familier mais aussi totalement inattendu. Bien sûr, il existe de nombreux projets d’adaptation en série, animée ou pas.
Liu Cixin : Le Problème à trois corps – 2008
Originalité : 4/5. Un vrai courant d’air frais.
Lisibilité : 4/5. Dommage ces passages un peu délirants dans le jeu vidéo.
Diversité : 4/5. Enquête policière, roman historique, hard science, mystère astrophysique, débats philosophiques et politiques, un vrai régal à ce niveau.
Modernité : 4/5. Tout le roman repose sur l’idée qu’un nombre croissant de gens pensent que l’espèce humaine ne mérite pas de régner sur la planète.
Cohérence : 4/5. Mention particulière pour le personnage central, Ye Wenjie, tout en finesse, sur laquelle repose tout l’édifice narratif.
Moyenne : 8/10.
A conseiller à tous ceux qui ne sont pas effrayés par un peu de hard science.
https://olidupsite.wordpress.com/2020/05/16/le-probleme-a-trois-corps-liu-cixin/