L’auteur prévient :
Il s’agit d’un roman mais…
- Les dialogues proviennent souvent d’archives.
- Aucun fait d’armes n’a été inventé, ni aucune anecdote.
- Aucun acte de bravoure n’a été exagéré.
- Et, bien sûr, Simo Häyhä est un VRAI héros national, Finlandais !
Simo Häyhä est né le 17 décembre 1905 à Rautjärvi (alors dans l’Empire russe). Je ne vous dirai pas quand il est mort, ni où, pour conserver le suspens ! C’est un militaire finlandais considéré comme le meilleur tireur d'élite de tous les temps. Il s’est illustré durant la guerre d'Hiver (1939-1940) qui voit s’affronter la Finlande et l'Union soviétique.
Il est crédité de 543 tués par des tirs au fusil de précision, auxquels s'ajouteraient environ 200 autres en utilisant un pistolet-mitrailleur. Ce qui lui valut d’être surnommé la « Mort blanche » par les russes (Belaïa smert).
Cela fait une dizaine d’années qu’Olivier Norek a envie d’écrire sur Simo Häyhä. Cela fait une dizaine d’années qu’il compulse des dizaines d’ouvrages, qu’il rencontre des dizaine de personnes, historiens, militaires, passionnés, conservateur de musée, etc… pour écrire ce roman, au plus près de la réalité.
Olivier Norek est né à Toulouse en 1975, après avoir été bénévole chez Pharmaciens sans frontières durant trois ans, il s'engage pour deux ans au 33e Régiment d'infanterie de marine, en 1995. Puis en 1997 il entre dans la police, comme gardien de paix d'abord, puis comme lieutenant à la Section des enquêtes et recherches du SDPJ 93. Quinze ans plus tard, peu après son premier succès littéraire, il se met en disponibilité pour se consacrer à l’écriture.
À ce jour, il a écrit sept romans policiers. Ce roman historique est sa huitième publication.
Donc, voici comment, en Novembre 1939, Staline, qui souhaite acquérir une ouverture sur le Golfe de Finlande contraint une nation pacifique de trois millions et demi d’habitants à déclarer la guerre à son voisin de plus de cent soixante dix millions d’habitants (en simulant une agression finlandaise). Comme quatre-vingts ans plus tard, Poutine pensait ne faite qu’une bouchée de l’Ukraine, Staline prévoyait régler cette affaire en moins d’une semaine.
Sauf que…
Les troupes russes sont mal préparées, commandées en dépit du bon sens sous le règne de la terreur qui limoge ou exécute : « Ainsi commandait Staline, sans pitié, ses militaires comme ses citoyens, par une peur profonde que l’on préférait nommer respect, et une soumission absolue que l’on préférait nommer loyauté. » Avec en face des hommes, beaucoup moins nombreux, certes, mais qui défendent leur patrie dont ils connaissent parfaitement les qualités et les défauts.
Et puis, il y a ce jeune paysan de 34 ans, qui, avec son visage juvénile et sa "haute" stature de 1,52 m, est champion au concours national de tir des Gardes civiles de Finlande. Il n’a jamais tué personne, bien sûr, mais quand il y est obligé, commandé, acculé, contraint… il tir.
Et lorsqu’un camarade tombera sous les coups adverses, il ne se posera plus de questions, la vengeance deviendra aveuglement et « s’il y a une différence entre pouvoir tuer et devoir tuer », il y a aussi l’impératif de « vouloir tuer » car « il comprit alors qu’à la guerre, le pire n’était pas de mourir, car à la guerre, la peur de mourir n’est jamais plus forte que celle de voir mourir les siens. »
Alors, de chapitre en chapitre, s’étire une sorte de liste à la Prévert sur les diverses façons de tuer. Et lorsqu’on demande à Simo quel effet ça lui fait, il répond « Je ne fait que mon devoir, et ce que l'on me dit de faire, du mieux que je le peux ».
Pour ce livre, je rends hommage à l’auteur pour la masse de travail de recherche, de compilation, de mémoire et d’analyse qu’il représente et pour cela je lui attribue volontiers 10/10.
Quant à m’extasier sur une « machine à tuer », c’est une autre histoire, quand bien même a-t-il mis son talent exceptionnel au service de sa patrie – ou d’une vengeance aveugle. Je ne le condamne pas. C’est la guerre qui est condamnable. Bien sûr, il est "doué" : en cent jours, uniquement avec un fusil, il a exterminé, à lui seul, tout un bataillon ! Cinq cents pauvres bougres qui n’avaient rien demandé…
Je suis assez vieux pour qu’à 20 ans, on m’ait déguisé en soldat. Pendant "mes classes", en Allemagne, on m’a fait tirer (au MAS 36) sur des cibles en carton. Ça m’amusait beaucoup et, malgré mes lunettes et mon astigmatisme, je trouais régulièrement le centre de la cible jusqu’au moment où j’ai entendu derrière moi deux instructeurs prononcer le terme incongru de "tireur d’élite". Sans trop savoir de qui ils parlaient, je me suis mis à viser… le bord de la cible. Après formation, je me suis retrouvé opérateur radio dans le Grand Sud algérien et je n’ai jamais tué personne.
Mais la guerre plait… quand on n’a pas à la subir. Ce livre a obtenu le Prix Renaudot des lycéens et le Prix Jean Giono 2024. Une belle consécration ! On a un Grand besoin de Héros !
Sur SC cinq de mes éclaireurs lui ont attribué la note méritoire de 9/10 et au moment où j’écris ces lignes sur 81 lecteurs 71 l’ont noté entre 7 et 10 (87 %).
Quant à moi, j’ai sous les yeux la « gueule cassée » de Simo Häyhä promu du grade de alikersantti (caporal) à celui de vänrikki (sous-lieutenant) par le maréchal Carl Gustaf Emil Mannerheim. À quoi pense-t-il, Simo ? Son regard ne semble pas trahir une joie intense. Et le million de morts de cette guerre, à quoi a-t-il servi ?...