Pour moi, Henry de Montherlant est avec William Somerset Maugham le plus grand prodige pour ce qui est de décrire la femme rien qu'à la lecture de ce premier volet (car c'est une découverte pour moi !!!) d'une tétralogie qui je le sens va être vite dévorée.
"Les Jeunes Filles" est une oeuvre résolument misogyne, comment peut-il en être autrement quand on connait la femme sur le bout des doigts, tout en n'épargnant en rien l'homme, qui ne vaut guère mieux pour d'autres raisons, par exemple celle de faire preuve d'un cynisme féroce, une oeuvre à la plume élaborée mais d'une fluidité et d'une finesse admirables.
On s'identifie à la perfection à Pierre Costals, qui donne l'impression d'avoir été crée juste pour le lecteur pour lui donner l'envie de devenir un tel personnage malgré, ou plutôt grâce à, ses défauts (surtout quand on a tendance à être furieusement indépendant !!!). On est aussi interloqué que lui quand il s'éprend de Sol-ange, jeune fille belle mais guère intelligente, véritable oie blanche dans toute sa splendeur, on se moque de la mysticité de Thérèse, une admiratrice qui s'emmerde dans sa Province et qui hésite à épouser Dieu, et on ne peut s'empêcher d'être aussi caustique tout en éprouvant une pointe d'attachement dissimulée envers un beau personnage tragi-comique, Andrée, la plus acharnée et la plus énamourée de ses adoratrices, intelligente, du moins possédant une grande culture, mais laide, qui s'emmerde elle aussi dans sa petite ville de Province.
Mais le mieux c'est de laisser Henry de Montherlant parler lui-même, il le fait beaucoup beaucoup beaucoup mieux que moi : "La femme est faite pour un homme, l’homme est fait pour la vie, et notamment pour toutes les femmes. La femme est faite pour être arrivée, et rivée ; l’homme est fait pour entreprendre, et se détacher : elle commence à aimer, quand, lui, il a fini ; on parle d’allumeuse, que ne parle-t-on plus souvent d’allumeurs ! L’homme prend et rejette ; la femme se donne, et on ne reprend pas, ou reprend mal, ce qu’on a une fois donné. La femme croit que l’amour peut tout, non seulement le sien, mais celui que l’homme lui porte, qu’elle s’exagère toujours ; elle prétend avec éloquence que l’amour n’a pas de limites ; l’homme voit les limites de l’amour, de celui que la femme a pour lui, et de celui qu’il a pour elle, dont il connait toute la pauvreté."