Il m'aura fallu deux jours entiers (c'est beaucoup, chez moi) pour venir à bout du livre – non pas qu'il s'agisse d'un terrible roman, mais ses six cents pages (environ) demandent une attention absolue, donc du temps.
L'histoire est celle d'Ilya Ilitch Oblomov, un propriétaire paresseux qui quitte rarement son lit et que le terme même d'activité ennuie profondément. Oblomov est en fait un rêveur, éduqué de telle façon qu'il fuit les responsabilités et tente de recréer dans son esprit le monde – ou l'époque – si heureux et insouciant qu'était son enfance. Un beau matin, son prélassement est interrompu par un certain nombre de visites impromptues et est bouleversé par deux nouvelles : Oblomov aurait des problèmes d'argent et on lui demande de déménager. S'enchaînent alors des dialogues improbables, dignes d'une comédie du XVIIᵉ siècle où les personnages se parlent sans s'entendre. C'est récréatif, les pages tournent.
Puis vient la seconde partie, plus laborieuse, pendant laquelle Oblomov tombe sous le charme d'Olga, une connaissance de son plus proche ami, Stoltz, et engage avec elle un long jeu de séduction. La question est la suivante : est-ce que l'amour peut vaincre l'apathie d'Oblomov ? En tout cas, la condition du protagoniste menace à plusieurs reprises de contaminer le lecteur, notamment à l'approche des derniers chapitres : il devient difficile de trouver la force de poursuivre la lecture tant certains passages sont lourds. Cependant, c'est un classique russe à découvrir (encensé par Tolstoï et Dostoïevski !), encore trop méconnu en France.
Il me semble nécessaire de préciser à tout lecteur intéressé par ce roman que certaines versions françaises ne sont pas complètes (il manque parfois toute la seconde partie du récit...). Préférez donc la traduction de Luba Jurgenson, qui n'a rien ôté à l'œuvre originale.