Dés que j’ai entendu parler de ce livre j’ai eu envie de le lire, je ne fut pas déçue. C’est une plongée dans le monde des bandits de la fin du 19ème siècle au États Unis complètement immersive. Jack Black est une homme fascinant à la personnalité atypique et qui possède une véritable plume. C’est violent et sombre mais brillant.
Jack Black est un cambrioleur qui mène une vie faite d’errances et de mauvais coups. Dans ce récit il nous raconte sa trajectoire avec ses gloires et ses revers. Il nous décrit ses petits larcins et ses rencontres. On plonge dans un univers fait de violence, d’opium et d’alcool mais aussi de camaraderie et de codes d’honneur. Né en 1871, il choisit très vite une vie d’errance et côtoie les hobos, ces travailleurs itinérants qui formaient une véritable communauté après la grande dépression. Au fil de ses rencontres, il devient Yeg, un perceur de coffres, puis opiomane et effectue plusieurs séjours en prison. Après son dernier, particulièrement éprouvant, il décide de se ranger et devient archiviste dans un journal de San Francisco. Il publie ses mémoires en 1926.
Tout d’abord Jack Black a une plume incroyable. Il possède une véritable culture littéraire et s’en sert pour nous livrer un récit sans temps mort et captivant. Il décrit ses compagnons et son univers avec beaucoup de précision. Le tout est teinté d’une forme d’ironie extrêmement plaisante. Il se permet même d’apostropher ou d’inclure le lecteur dans son livre pour en faire son complice avec malice.
Il raconte avec lucidité son parcours sans le glorifier ni le regretter. On découvre une vie en marge dure et violente mais une vie qu’il s’est choisi. Il décrit la part d’ombre faite d’insécurité et d’incertitudes mais aussi l’incroyable liberté que cette vie apporte. Jack Black a un grand soucis du détail et nous décrit avec minutie les techniques qu’il a employées pour s’échapper de prison ou pour percer un coffre. Il décrit ainsi ses réussites comme ses échecs, ne s’épargnant aucune honte. Il alterne misère et opulence au rythme de ses « coups ». Ce récit, porté par un homme qui l’a vécu, est extrêmement fort et immersif.
Enfin il clôture son texte par une dénonciation du système pénitencier. En prison il a vécu des privations et des sévices physiques. Il explique comment cela ne permet pas au bandit de s’amender mais, au contraire, que cela créé chez lui une envie de vengeance. Dans la postface « Qu’est ce qui cloche chez les honnêtes gens ? » il explique qu’il a appris la violence en prison et que ce ne sont pas les sévices qui l’ont sorti du banditisme mais la clémence d’un juge. Ce dernier a vu en lui la possibilité d’un repenti et a fait appelle à sa loyauté. Cet acte de confiance a permit à Jack Black d’envisager une autre voix. Il insiste également sur l’importance de l’éducation dans la prévention des crimes. C’est un discours extrêmement moderne et lucide. Son récit est donc un témoignage d’une époque mais aussi un outil de réflexion sur les sanctions pénales.
Ce livre fut un gros coup de cœur, j’ai vibré avec l’auteur au fil des pages et je n’oublierai jamais Jack Black. Je ne peux que vous le conseiller vivement !